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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

parole ne vous fait-il pas souvenir de ce comte délia Penna (comte de la Plume), de ce maréchal dAncre qui navait jamais tiré lépée?

Notre Concini à nous a pu malheureusement faire tout le mal qu'il a voulu sans avoir trouvé de Vitry. La France nenfante plus dhommes comme ce vaillant qui, tranquillement, son épée sous le bras, avec trois soldats aux Gardes pour toute compagnie, sen vint barrer le passage, sur le pont du Louvre, à laventurier orgueilleux qui savançait suivi dune escorte nombreuse comme un régiment. Halte-! Qui donc ose me parler ainsi, à moi? Et comme le drôle étranger ajoutait un geste à ces pa­roles, Vitry, layant bien ajusté, lui cassa la tcte dun coup de pistolet.

Puis il entra chez le roi et dit : « Cest fait. Grand merci, mon cousin, répondit Louis XIII à lhumble capitaine, que son courage, ainsi quon le voit encore en Espagne, venait de faire le parent du roi, vous êtes maré­chal et duc, et je suis heureux de vous saluer le premier de votre nouveau titre. »

Par la fenêtre une grande rumeur arrivait en même temps, cétait Paris qui, enfin vengé de tant de hontes subies, battait frénétiquement des mains.

Aujourdhui, lindustrie a encore des chevaliers et la Bourse des barons ; mais lhéroïsme ne fait plus de maréchaux ni de ducs. Les Juifs étrangers peuvent tout se permettre chez nous; nul Vitry ne tirera lépée pour arrê­ter les oppresseurs de sa patrie. Je connais cependant à Paris un pont, au bout dune place célèbre, un colonel qui aurait du poil au menton pour­rait gagner un titre plus beau que celui que le hardi capitaine des Gardes gagna, le 24 avril 1617, sur le pont du Louvre.

Concini à peine tué, on intima lordre aux Juifs, qui, avec leur activité ordinaire, avaient déjà constitué comme une petite synagogue chez un membre du Parlement, de disparaître immédiatement.

Le seul Juif un peu en évidence dont on trouve trace à Paris à cette époque, est Lopez. Mais Lopez était-il bien Juif? 11 sen défendait du moins comme un beau diable et protestait quil était Portugais ou tout au moins mahométan; il mangeait du porc tous les jours au point de sen rendre malade, pour dépister les soupçons.

Malgré toutes les dénégations du pauvre Lopez, je crains bien quil n'ait été de la race. Bibelotier, marchand de diamants, banquier, agent politique, finalement conseiller dÉtat, na-t-il pas lair dun vrai gouver­nant daujourdhui? 11 y a en lui comme un mélange de Proust et de Bischoffsheim.