LE JUIF DANS L’HISTOIRE DE FRANCE
163
k Lopez et quelques autres comme lui, nous dit Tallemant des Réaux qui s’est fort égayé sur le personnage, vinrent en France pour traiter quelque chose pour les Moresques dont il estoit. »
Henri IV vit là une excellente occasion de créer des embarras intérieurs à l’Espagne et mit Lopez en relations avec le duc de La Force. La mort du roi rompit les négociations, mais Lopez ne se découragea pas ; il s’établit marchand de diamants : « Il acheta un gros diamant brut, le fit tailler; cela le mit en réputation, de toutes parts on lui envoya des diamants bruts. Il avait chez lui un homme à qui il donnait huit mille livres par an et le nourrissait lui sixième; cet homme taillait les diamants avec une diligence admirable et avait l’adresse de les fendre d’un coup de marteau quand il était nécessaire. »
Dans le Roman des amours du duc de Nemours et de la marquise de Poyanne, le duc consulte sur la beauté des parures « un certain Portugais nommé don Lope, qui s’y connaissait mieux que personne ».
Richelieu, dont le génie a tant de rapports avec celui du prince de Bismarck, avait compris, le premier, le parti qu’un homme politique pouvait tirer d’une presse qu’il dirigerait, et il avait encouragé Renaudot, le créateur du journal en France. Il distingua clairement aussi l’utilité dont pouvaient être ces agents juifs si déliés, si souples, si bien informés qui devaient plus tard, comme les Blowitz, les Levyson, rendre tant de services au chancelier de fer. Il employa Lopez comme espion ; il en fut content, le chargea d’une négociation relative à des vaisseaux en Hollande, et au retour il le fit conseiller d’État ordinaire.
Le type ne perd jamais ses droits. Si on couronnait un Juif empereur d’Occident, il trouverait moyen de vendre la Couronne de fer. Lopez brocanta dans sa mission, et de retour à Paris, fit une vente qui fut plus courue encore que celles de Rachel et de Sarah Bernhardt. « En Hollande il acheta mille curiosités des Indes, et il fit chez lui comme un inventaire; on criait avec un sergent. C’était comme un abrégé de la foire Saint- Germain; il y avait toujours bien du beau monde. »
Ce Lopez paraît cependant avoir été relativement honnête homme. On l’accusait d’être l’espion des deux Gouvernements; il fut démontré qu’il n’en servait qu’un seul : ce qui, me murmure à l’oreille un antisémite, tendrait à prouver qu’il n’était véritablement pas Juif.
C’est Ledoux, maître des requêtes, qui avait mis ce mauvais bruit en circulation. « De fait, dit Tallemant des Réaux, il croyait avoir la conviction entière par le livre de Lopez où il y avait : « Guadamisilles por el senor de Bassompierre : — tant de milliers de maravédis, »> et autres articles sem-