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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

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blables. Lopez pria M. de Rambouillet de voir ce bon « maistre des re- questes ». Le « maistre des requestes » lui dit : « Monsieur, il ny a rien de plus cL-ir; guadamasilles, etc. » M. de Rambouillet se mit à rire : «, monsieur, luy dit-il, ce sont des tapisseries de cuir doré quil a fait venir dEspagne pour M. de Bassompierre. »

Richelieu semble avoir traité son conseiller dÉtat comme on traiterait un Bratln ou un Gastagnary.

Le cardinal de Richelieu, raconte encore Tallemant, pour se divertir un jour que Lopez revenoit de Ruel avec toutes ses pierreries que le cardi­nal avoit voulu voir exprès, le fit attaquer par de feints voleurs qui pourtant ne lui firent que la peur. Il y alloit de tout son bien; aussi la peur fut-elle si grande, quil fallut changer de chemise au pont de Neuilly, tant sa chemise étoit gastée. Le chancelier, dans le carrosse du­quel il estoit, dit quil se présenta assez hardiment aux voleurs. Le car­dinal eut du déplaisir de lui avoir fait ce tour-, car il avoit joué à faire mourir ce pauvre homme, et, pour raccommoder cela, il le fit manger à sa table. Ce nestoit pas un petit honneur.

On népargnait guère, dailleurs, les plaisanteries à Lopez.

Un jour, labbé de Gercey et Lopez faisaient des façons à qui passerait le premier. Allez donc, Lopez, dit Chasteller, maître des requêtes (ce corps décidément naimait pas les Juifs), lAncien Testament va devant le Nouveau.

Un autre jour, il demandait un prix excessif dun crucifix., lui dit-on, vous avez livré loriginal à meilleur marché.

En dépit des railleurs, Lopez, à force de cumuler les métiers divers, nen arriva pas moins à une fortune considérable quil affichait avec le mauvais ton de ses pareils. Il avait six chevaux de carrosse, « et jamais carrosse ne fut tant de fois au-devant des ambassadeurs que celui-. »

Il possédait une assez belle maison dans la rue des Petits-Ghamps et répétait sans cesse : « Il y a une quantité immense de cheminées dans mon logis. »

En quoi cette phrase, sur laquelle sesclaffent les contemporains, est-elle étonnante? Telle est la réflexion qui viendra à chacun, et cet éton­nement même indique bien le chemin parcouru de la société polie, raffinée, bien élevée dalors, à la société brutale et grossière daujourdhui.

... De nos jours le sentiment de certaines nuances délicates est émoussé même chez les Chrétiens. Personne nest surpris lorsque le baron Hirsch, ayant à sa table des gens qui ont la prétention de représenter le faubourg Saint-Germain, dit tranquillement à ses convives au moment lon sert