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LA FRANCE JUIVE
Combien plus saisissant cet alchimiste en extase devant le cercle cabalistique autour duquel sont tracés des caractères mystérieux qui commentent le Sepher ou le Zohar , qui révèlent l’heure et le jour où s’accomplira le Grand Œuore! N’est-ce point un Juif encore que ce docteur Faustus dont le visage émerge à peine de l’ombre intense? On voit dans ces ténèbres animées, dans ces ténèbres à la Remorandt, voltiger des atomes lumineux. Ce silence est bien celui dont parle Fromentin, « ce silence qui n’est point la cessation de tout bruit, mais le commencement au contraire de ces bruits indéterminés que l’àme perçoit seule. » On entend penser cet
Juif de Rembrandt (page 167).
homme si parcheminé, si desséché, si ossifié qu’il parait à demi mort, et qui, par la fenêtre ouverte, interroge le ciel pour y chercher l’étoile d’Israël , l’astre qui doit se lever du côté de la Chaldée après tant d’années d’attente.
Le médecin Ephraïm Bonus, appuyant sa main sur la rampe de l’escalier, dit ces choses d’une autre façon. Coiffé d’un large feutre, vêtu de l’habit de tout le monde, il a vraiment l’allure honnête de quelqu’un qui
sincère. Tourmenté et tourmenteur dès qu’il est installé tranquillement quelque part, tel est le Juif. 11 s’arrange toujours pour troubler tellement les nations qui l'ont accueilli qu’on est bien forcé de Je prier de s’en aller.
On consultera avec intérêt une plaquette imprimée à 50 exemplaires seulement, chez Tecbener, lors de la publication du roman d’Eugène Sue : Notice historique et bibliographique sur la légende du Juif errant, par O. B. de B.
Voir aussi un tirage à part d’une Etude publiée dans l'Encyclopédie des sciences religieuses ; « le Juil errant », par Gaston Paris.