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LA FRANCE JUIVE
d’avoir recours à la force secrète que détiennent les Juifs'. Cromwell, soutenu par la Franc-Maçonrterie puissante déjà, mais très occulte et très discrète encore’, avait été le protecteur zélé des Juifs et s’était ellorcé de faire lever l'arrêt de proscription qui pesait sur eux.
On a affirmé que le droit de séjour leur avait été formellement accordé à cette époque; le D r Tavey dans son Anglica judaïca nie le fait. Dans son curieux livre sur Moses Mendelsohn et sur la réforme politique des Juifs en Angleterre, Mirabeau, qui fut l’homme des Juifs comme Gambetta, raconte ainsi les négociations qui s’engagèrent à ce sujet :
La haine du papisme, qui prévalait alors ou plutôt qui déployait d’autres fureurs, avait inspiré des dispositions favorables pour les Juifs. Il se fit plusieurs motions parlementaires en leur faveur, et si aucune ne fut suivie de succès, elles encouragèrent du moins les Juifs d’Amsterdam à faire quelques propositions pour former un établissement de leur nation en Angleterre.
On entra en négociation, et Manassé Ben Israël fut choisi pour traiter des conditions. Ce vénérable rabbin vint en Angleterre et détermina Cromwell à prendre en très sérieuse considération les demandes qu’il fit au nom de ses frères.
Alors le Protecteur appela dans son conseil deux juges, sept citoyens et quatorze ecclésiastiques. Il leur demanda s’il était licite de réadmettre les Juifs en Angleterre et, dans le cas où ils tinssent pour l’affirmative, sous quelles conditions cette nation devrait être rappelée. Quatre jours se consumèrent en disputes inutiles de la part des ministres du saint Évangile, et Cromwell les congédia en leur disant qu ils le laissaient beaucoup plus incertain qu’ils ne l’avaient trouvé.
1. Le spectacle de ce terrible sectaire, faisant périr son roi sous la hache, parait avoir vivement frappé l'imagination des Juifs, qui, même dans les plus lointains pays, étaient parfaitement informés de ce qui se passait en Europe. « Une députation singulière, écrit Léon Halevy dans son Résumé de CHistoire des Juifs, arriva vers Cromwell du fond de l'Asie. C’étaient quelques Juifs, conduits par un célèbre rabbin d’Orient, Jacob Ben Azabel, qui venaient s’assurer si Cromwell n’était pas le Messie. Ils obtinrent plusieurs audiences du Protecteur, et lui firent la proposition, qu’il repoussa, d’acheter tous les livres et manuscrits hébraïques de l’université de Cambridge. Comme ils ne cachèrent pas assez le but principal de leur mission, on les renvoya de Londres, où le simple soupçon que Cromwell pût être Juif avait produit de l’agitation parmi le peuple. »
2. Les Juifs furent d’aussi impitoyables ennemis de la maison des Stuart que de la maison de Bourbon. Ce fut un Juif d'Amsterdam qui aida Guillaume d’Orange à détrôner son beau- père. « Guillaume, prince d’Orange, préparait son expédition contre Jacques II d’Angleterre et cherchait avec anxiété où il trouverait les fonds nécessaires pour équiper sa flotte et mener à bien ses projets de guerre contre les Anglais, lorsqu’un Israélite d’Amsterdam lui fit demander audience.
« Quand ce citoyen, nommé Schwartzau, fut admis devant le prince, il lui dit : « Monseigneur, vous avez besoin d’argent pour accomplir votre projet. Voici deux millions que je vous apporte : si vous réussissez, vous me les rendrez ; si vous échouez, nous sommes quittes. » [Matinées du Samedi, livre d'éducation morale et religieuse à l'usage de la jeunesse Israélite, par Ben Levi.)