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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

davoir recours à la force secrète que détiennent les Juifs'. Cromwell, soutenu par la Franc-Maçonrterie puissante déjà, mais très occulte et très discrète encore, avait été le protecteur zélé des Juifs et sétait ellorcé de faire lever l'arrêt de proscription qui pesait sur eux.

On a affirmé que le droit de séjour leur avait été formellement accordé à cette époque; le D r Tavey dans son Anglica judaïca nie le fait. Dans son curieux livre sur Moses Mendelsohn et sur la réforme politique des Juifs en Angleterre, Mirabeau, qui fut lhomme des Juifs comme Gambetta, raconte ainsi les négociations qui sengagèrent à ce sujet :

La haine du papisme, qui prévalait alors ou plutôt qui déployait dautres fureurs, avait inspiré des dispositions favorables pour les Juifs. Il se fit plusieurs motions parlementaires en leur faveur, et si aucune ne fut suivie de succès, elles encouragèrent du moins les Juifs dAmsterdam à faire quelques propositions pour former un établissement de leur nation en Angleterre.

On entra en négociation, et Manassé Ben Israël fut choisi pour traiter des conditions. Ce vénérable rabbin vint en Angleterre et détermina Cromwell à prendre en très sérieuse considération les demandes quil fit au nom de ses frères.

Alors le Protecteur appela dans son conseil deux juges, sept citoyens et quatorze ecclésiastiques. Il leur demanda sil était licite de réadmettre les Juifs en Angleterre et, dans le cas ils tinssent pour laffirmative, sous quelles conditions cette nation devrait être rappelée. Quatre jours se consumèrent en disputes inutiles de la part des ministres du saint Évangile, et Cromwell les congédia en leur disant qu ils le laissaient beaucoup plus incertain quils ne lavaient trouvé.

1. Le spectacle de ce terrible sectaire, faisant périr son roi sous la hache, parait avoir vivement frappé l'imagination des Juifs, qui, même dans les plus lointains pays, étaient par­faitement informés de ce qui se passait en Europe. « Une députation singulière, écrit Léon Halevy dans son Résumé de CHistoire des Juifs, arriva vers Cromwell du fond de l'Asie. Cétaient quelques Juifs, conduits par un célèbre rabbin dOrient, Jacob Ben Azabel, qui venaient sassurer si Cromwell nétait pas le Messie. Ils obtinrent plusieurs audiences du Protecteur, et lui firent la proposition, quil repoussa, dacheter tous les livres et manuscrits hébraïques de luniversité de Cambridge. Comme ils ne cachèrent pas assez le but principal de leur mission, on les renvoya de Londres, le simple soupçon que Cromwell pût être Juif avait produit de lagitation parmi le peuple. »

2. Les Juifs furent daussi impitoyables ennemis de la maison des Stuart que de la maison de Bourbon. Ce fut un Juif d'Amsterdam qui aida Guillaume dOrange à détrôner son beau- père. « Guillaume, prince dOrange, préparait son expédition contre Jacques II dAngleterre et cherchait avec anxiété il trouverait les fonds nécessaires pour équiper sa flotte et mener à bien ses projets de guerre contre les Anglais, lorsquun Israélite dAmsterdam lui fit demander audience.

« Quand ce citoyen, nommé Schwartzau, fut admis devant le prince, il lui dit : « Monsei­gneur, vous avez besoin dargent pour accomplir votre projet. Voici deux millions que je vous apporte : si vous réussissez, vous me les rendrez ; si vous échouez, nous sommes quittes. » [Matinées du Samedi, livre d'éducation morale et religieuse à l'usage de la jeunesse Israélite, par Ben Levi.)