LE JUIF DANS L’HISTOIKE DE FRANCE
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On ignore le résultat des délibérations particulières du Protecteur* Quelques écrivains, à la vérité, déclarent positivement qu’il accorda aux Juifs la permission de s’établir en Angleterre; mais d’autres soutiennent que cette permission ne leur fut donnée que sous le règne de Charles II, dans l’année 1664 ou 1665.
Manassé ben Israël, auquel Victor Hugo a donné tant de relief dans son drame de Cromwell, remplissait près de Cromwell ce rôle dans lequel excelle le Juif, ce rôle de Reinach auquel on peut tout dire sans craindre d’ètre gôné par cette conscience qu’on sent vivre au fond de l’âme du plus servile des Chrétiens. Par une contradiction très fréquente et plus logique qu’on ne croit, le Protecteur demandait les secrets du ciel à cet homme, qu’il employait aux plus basses négociations de la terre *.
Sort bizarre! épier les hommes et les astres!
Astrologue là-haut, ici-bas espion! .,
Par un changement soudain, Manassé, tjui entre en scène en déposant un sac d’argent aux pieds de Cromwell, redevient brusquement, de subtil entremetteur d’affaires apportant sa part de prise à l’homme au pouvoir, un Kabaliste, un alchimiste, et quand le Protecteur lui dit: «Serai-je roi?» il répond avec une certaine sincérité :
... Dans sa marche elliptique Ton astre ne fait pas le triangle mystique Avec l'étoile Zod et l’étoile Nadir
Puis la haine du Chrétien, la soif du sang du goy reprend le Juif en apercevant Rocliester endormi; comme nous le dit le poète, il tente celui auquel il parle. Ce pouvoir suprême, Cromwell peut l’avoir, il suffit d’immoler le Chrétien. N’est-ce point l’éternel pacte qu’Israël propose aux ambitieux? Qu’ils frappent l'Église! et ils seront grands, on leur donnera en échange des persécutions une éphémère apparence de puissance.
1. Manassé était très préoccupé de la question des dix tribus dont nous avons parlé au livre 1«. „ u n souci constant, disent les Archives Israélites, préoccupait Manassé : qu’étaient devenues les dix tribus emmenées par Salmanazar et dont on n’avait plus entendu parler? Avaient-elles été anéanties? La restauration du royaume de Judée était impossible sans ces dix tribus, et même la confirmation des promesses prophétiques devenait douteuse. La réunion de Juda et d’Israël que les Prophètes avaient affirmée ne s’accomplirait qu'avec la participation de ces tribus. Manassé y réfléchissait sans cesse et se livrait à toutes les suppositions imaginables pour les retrouver quelque part. C’est alors qu’un hasard, qu’il-considéra comme une révélation d’en haut, le mit en contact avec Montesino, qui lùi affirma-que les restes des dix tribus se trouvaient dans l’Amérique du Sud. C’est- alors aussi que, ne doutant’pas de la vérité de ce récit, il écrivit Son Espérante d'Israël. »