Druckschrift 
La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
Entstehung
Seite
184
Einzelbild herunterladen

184

LE JUIF DANS L'HISTOIRE DE FRANCE

la race dIsraël fécondée par le mélange de sang chrétien. Sans établir un rapprochement qui serait forcé entre la moquerie souriante et légère du premier, et la raillerie âpre du second, il est permis de constater que tous deux ont été des destructeurs, que tous deux, sous des formes diverses, ont mis en relief les vices et les ridicules de lhumanité sans lui proposer aucun idéal supérieur à atteindre. Tous deux ont été des rieurs et des tristes, des désillusionnés et des désillusionneurs.

Pour Dumas, particulièrement, l'influence exercée par la race cons­titue comme une diminution du patrimoine intellectuel de notre pays. Nul contemporain na été plus préoccupé des questions religieuses; nui na pénétré plus avant dans certaines profondeurs de lêtre humain. Javais insisté près dun des membres les plus éminents de ces congrégations expulsées par la bande de Gambetta, pour quil lût ces belles Préfaces qui remuent tant didées, et je me souviens de ce quil mécrivait à ce sujet : « Cet homme était fait pour être prêtre. »

Eclairée par la Vérité, cette intelligence si ferme, si virile, aurait pu rendre dimmenses services ; lui-même semble avoir eu comme lintuition de ce quil perdait et de ce quil faisait perdre aux autres en ne croyant pas; il na obéi à aucune ambition basse, à aucune tentation vile, à aucun désir de se mettre bien avec les prétendus libres-penseurs aujourdhui au pouvoir et dont il a souvent parlé avec un mépris hautain, mais il na pu faire le pas décisif; il était aveugle- et il est resté aveugle.

Quelle sera curieuse à étudier plus tard dans le grand écrivain cette sorte de fatalité de race à laquelle il na jamais pu se soustraire !

A propos de Shakespeare, lillustre dramaturge a parlé éloquemment dans la préface de l'Étrangère, des créateurs qui, en vieillissant, vont se perdre dans les abstractions et se dissoudre, en quelque sorte, dans ce qui est lessence de leur être. De quelle lueur néclaire pas la psychologie de lécrivain ce million en or vierge de la Princesse de Bagdad ?

Shakespeare, lAryen par excellence, sélance dans le bleu, dans le rêve, dans la féerie, dans la fantaisie presque impalpable de Cymbeline et de la Tempête. La dernière conception artistique de Dumas est de maté­rialiser à outrance, au lieu de spiritualiser, de donner une forme tangible, palpable, effective à cette préoccupation obstinée de lor qui hante perpé­tuellement celui qui a une goutte de sang de Sémite dans les veines. Shakespeare retourne au ciel, Dumas retourne à lOrient, à Bagdad ; lun, dans leffort suprême et définitif de son talent, veut saisir le nuage, lautre veut entasser du métal, beaucoup de métal à la fois et ne trouve rien qui puisse tenter davantage son héroïne que de remuer à pleines mains de