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LE JUIF DANS L'HISTOIRE DE FRANCE
la race d’Israël fécondée par le mélange de sang chrétien. Sans établir un rapprochement qui serait forcé entre la moquerie souriante et légère du premier, et la raillerie âpre du second, il est permis de constater que tous deux ont été des destructeurs, que tous deux, sous des formes diverses, ont mis en relief les vices et les ridicules de l’humanité sans lui proposer aucun idéal supérieur à atteindre. Tous deux ont été des rieurs et des tristes, des désillusionnés et des désillusionneurs.
Pour Dumas, particulièrement, l'influence exercée par la race constitue comme une diminution du patrimoine intellectuel de notre pays. Nul contemporain n’a été plus préoccupé des questions religieuses; nui n’a pénétré plus avant dans certaines profondeurs de l’être humain. J’avais insisté près d’un des membres les plus éminents de ces congrégations expulsées par la bande de Gambetta, pour qu’il lût ces belles Préfaces qui remuent tant d’idées, et je me souviens de ce qu’il m’écrivait à ce sujet : « Cet homme était fait pour être prêtre. »
Eclairée par la Vérité, cette intelligence si ferme, si virile, aurait pu rendre d’immenses services ; lui-même semble avoir eu comme l’intuition de ce qu’il perdait et de ce qu’il faisait perdre aux autres en ne croyant pas; il n’a obéi à aucune ambition basse, à aucune tentation vile, à aucun désir de se mettre bien avec les prétendus libres-penseurs aujourd’hui au pouvoir et dont il a souvent parlé avec un mépris hautain, mais il n’a pu faire le pas décisif; il était aveugle-né et il est resté aveugle.
Qu’elle sera curieuse à étudier plus tard dans le grand écrivain cette sorte de fatalité de race à laquelle il n’a jamais pu se soustraire !
A propos de Shakespeare, l’illustre dramaturge a parlé éloquemment dans la préface de l'Étrangère, des créateurs qui, en vieillissant, vont se perdre dans les abstractions et se dissoudre, en quelque sorte, dans ce qui est l’essence de leur être. De quelle lueur n’éclaire pas la psychologie de l’écrivain ce million en or vierge de la Princesse de Bagdad ?
Shakespeare, l’Aryen par excellence, s’élance dans le bleu, dans le rêve, dans la féerie, dans la fantaisie presque impalpable de Cymbeline et de la Tempête. La dernière conception artistique de Dumas est de matérialiser à outrance, au lieu de spiritualiser, de donner une forme tangible, palpable, effective à cette préoccupation obstinée de l’or qui hante perpétuellement celui qui a une goutte de sang de Sémite dans les veines. Shakespeare retourne au ciel, Dumas retourne à l’Orient, à Bagdad ; l’un, dans l’effort suprême et définitif de son talent, veut saisir le nuage, l’autre veut entasser du métal, beaucoup de métal à la fois et ne trouve rien qui puisse tenter davantage son héroïne que de remuer à pleines mains de