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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LE JUIF DANS L'HISTOIRE DE FRANCE

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Que se passa-t-il ensuite ? Il est très difficile de le savoir au juste. Un second Juif, Ephraïm Weitel, se mêla à laffaire pour avoir sa part de profit. Voltaire , en échange dun hillet de lui, avait exigé de Hirsch un dépôt de dix-huit mille livres de diamants. Il laissa protester sa lettre de change et voulut acheter les diamants à un prix dérisoire. Il demanda en outre à Hirsch de lui apporter une bague et un miroir de diamants pour les exami­ner ; puis, non content de garder encore ce nantissement, il arracha vio­lemment au malheureux Juif une bague quil avait au doigt.

Le procès qui sensuivit fit un bruit affreux. Voltaire , qui dénonçait vo­lontiers et qui sarrangeait pour être toujours bien avec les autorités, avait prié M. de Bismarck, un des ancêtres du terrible Chancelier, de faire arrêter Hirsch, qui, détenu quelque temps, fut bientôt remis enliberté.

Frédéric II traita lhomme auquel la France républicaine élève mainte­nant des statues avec un mépris mérité : « Vous me demandez, écrivait-il à ce sujet àla margrave de Bayreuth , ce que cest que le procès de Voltaire avec un Juif; cest laffaire dun fripon qui veut tromper un filou. Bientôt nous apprendrons par la sentence qui est le plus g#and fripon des deux. »

Chassé de Postdam, Voltaire shumilie sousloutrage : « Sire, écrit-il, je supplie Votre Majesté de substituer la compassion aux sentiments de bonté qui mont enchanté et qui mont déterminé à passer à vos pieds le reste de ma vie. »

« Je demande bien pardon à Votre Majesté, à votre philosophie, à votre bonté. »

« Vous avez eu avec le Juif la plus sale affaire du monde, » répond Frédéric, et il ordonne à Voltaire de quitter ses États.

Ces désagréments financiers expliquent lhostilité que Voltaire témoigna toute sa vie aux Juifs, ses railleries sur leurs règles dhygiène, ses appellations de circoncis, de dèprèpucé, qui reviennent à chaque

V

instant sous sa plume.

Ce qui étonne, même quand on connaît lignorance de Voltaire , qui se trompe toujours quand il ne ment pas, cest, je le répète, lidée quil se fait de la force numérique des Juifs.

Nous pensons, écrit-il dans lopuscule Un Chrétien contre six Juifs, que vous nêtes pas plus de quatre cent mille aujourdhui, et quil sen faut. Comptons : cinq cents chez nous devant Metz , une trentaine à Bordeaux , deux cents en Alsace , douze mille en Hollande et Flandre , quatre mille ca­chés en Espagne et en Portugal , quinze mille en Italie , deux mille très ou­vertement à Londres , vingt mille en Allemagne , Hongrie , Holstein, Scan­ dinavie , vingt-cinq mille en Pologne et pays circonvoisins, quinze mille en Turquie , quinze mille en Perse. Voilà tout ce que je connais de votre po-