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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

représentés par Jacob Pereire , demandèrent à acquérir un emplacement commun pour leurs services funèbres ; ce qui donna lieu, pendant toute lannée 1778, à une longue correspondance entre M. Lenoir et Pereire.

Il sagissait de l'acquisition dun terrain entre la Villette , Pantin et Bel- leville. On voulait avoir un demi-arpent, espace pouvant contenir environ 200 sépultures, ou bien trois quarts darpent, ou même un arpent entier, sauf à nentourer de murs que les deux tiers ou la moitié du terrain. On exposait quil mourait à Paris 12 à 15 Juifs par an, ce qui donne une popu­lation denviron 400 individus.

Lenoir répondait que la terre ne pouvait être achetée que par un Juif naturalisé. Le Juif Calmer était seul dans ces conditions, les autres nétant que tolérés. Pendant ce temps, Matard faisait chanter ces pauvres gens, selon le mot consacré: il demandait une indemnité énorme, 40,000 livres, et encore pour ne laisser disposer de son terrain que pendant six ans.

Le projet détablissement dun cimetière pour les Juifs de Paris , rédigé par M. Pereire daprès les ordres de M. Lenoir, porte en marge : « Lu à lassemblée tenue le 27 octobre 1778, laquelle était composée de MM. Cerf- beer, Liefmanm Calmer et ses trois fils, J. Goldschmidt, Israël Salom, Silveyra et Pereire. »

Voici le préambule de ce projet :

Messieurs, les enfants dIsraël , que la Providence a conduits et sou­tenus en France , ne sauraient trop remercier le ciel du bonheur dont il les fait jouir sous un gouvernement qui ne respire que lordre, la justice et lhumanité.

Cette dernière vertu que les Juifs ont le plus besoin de trouver partout et dont on peut dire quils sont, depuis la dispersion, une vraie pierre de touche chez tous les peuples, ils en aperçoivent les elfets spécialement à Paris , par les bontés de Monseigneur Lenoir, lieutenant de police, de la manière la plus propre à exciter toute leur reconnaissance.

En 1780, Jacob Pereire paraît sêtre entendu avec Matard pour acheter définitivement un terrain qui pût servir de cimetière aux Juifs du rite portugais *, mais M. Silveyra, syndic des Juifs portugais et agent de la communauté de Bayonne , demanda, le 24 mai 1781, que les Juifs Alle­mands fussent tenus de se procurer un cimetière spécial.

Ceux-ci sadressèrent encore à Matard, mais il refusa nettement de leur laisser enterrer personne de leur rite, et voulut même faire exhumer les morts précédents, ce à quoi M. Lenoir sopposa.

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1 . Encore aujourdhui il est impossible de savoir à qui ce terrain appartient. Le Consis­toire, parait-il, na aucun titre de propriété, M. de Ribbes non plus. Cest lui cependant qui paye limpôt, qui est minime : 1 franc 20 c. par an

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