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LA FRANCE JUIVE
A cette époque, le Juif qu’on n'admettait nulle part était en réalité partout, et celr depuis la Régence. On ne peut affirmer positivement l’origine israélite de Law, quoique ce nom de Law (Lewis, Levy) ait bien un caractère judaïque. En tout cas, le système était absolument une conception juive . Law fonda véritablement en France , sur des ruines qui n’instrui- sirentpersonne, cette exploitation financière de la bêtise humaine qui devait prendre plus tard des proportions si énormes. Il fut l’apôtre plein de hardiesse d’un nouveau Credo, le Crédit, la croyance à des valeurs imaginaires qui allait être la foi d’une société plus naïve que l’ancienne et plus facile à tromper, à la condition de faire appel, non à des idées supérieures, mais aux convoitises, à l’amour du gain.
Le succès de l’Ecossais en France est un grand événement ; il annonce qu’au Chrétien sincère et sensé d’autrefois va succéder un type tout à fait inconnu aux siècles passés : le gogo, le badaud, l’actionnaire...
Le Juif étranger a plus le sentiment de cette situation que le Juif français; il paye d’audace, et le Juif authentique, qui entre timidement dans le cabinet de M. Lenoir, croise souvent un arrogant personnage que le lieutenant de police reconduit en s’épuisant en serviles courbettes.
— Les gens de M. le comte de Saint-Germain ! crient les laquais dans l’antichambre.
Et parfois peut-être le Juif dit tout bas à son brillant coreligionnaire, en se penchant vers lui comme pour lui demander sa protection : « Tous mes compliments, mon frère Woiff, ii est impossible d’être plus talon rouge. »
Ce qu’il n’avait pu faire au Moyen Age avec les Templiers, le Juif le faisait avec la Franc-Maçonnerie , dans laquelle il avait fondu toutes les sociétés secrètes particulières qui avaient si longtemps cheminé dans l’ombre.
Après les innombrables volumes publiés sur ce sujet, il me paraît inutile de répéter ce que tous les historiens, Louis Blanc notamment 1 , ont écrit sur le rôle joué par la Franc-Maçonnerie dans la Révolution. Il n’est plus contesté par personne non plus que la direction de toutes les loges ne fût passée alors aux mains des Juifs. Le Juif portugais Paschalis avait fondé, en 1754, une société d’initiés, les Cohens , dont les idées furent vulgarisées par Saint-Martin. En 1776, le Juif Adam Weishaupt créai t la secte des