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LA FRANCE JUIVE
Liesse apparente, comme sa faiblesse aujourd’hui est sa force cyniquement affichée, — for e colossale sans doute, mais qui ne repose sur rien, en ce sens qu’il suffirait de quelques mouvements du télégraphe pour confisquer dans toute l’Europe cette richesse indûment acquise.
Le succès obtenu par des hommes Comme le comte de Saint-Germain et Cagliostro n’a rien qui étonne lorsque, sans subir l’impression de ce qui est lointain, on juge ces faits par ce qui se passe sous nos yeux. Il n’est point nécessaire pour comprendre de se livrer à de grandes considérations historiques, il suffit de rapprocher le présent du passé.
L’espèce de fascination exercée par l’étranger a toujours été la même. Il y a des milliers de Français natifs, très considérés et très honnêtes, qui n’entreront jamais dans les grands cercles, lesquels s’ouvriront à deux battants devant des spéculateurs juifs, des négriers, des aventuriers de tous les pays. Un Français viendrait demander à un de nos fameux joailliers de lui vendre à crédit une bague de vingt francs pour son mariage, que le marchand le mettrait à la porte, et le lendemain, il remettra pour trois cent mille francs de bijoux à un comte de n’importe qui, marquis de n’importe quoi.
Ce qui est certain, c’est que la société française, qui exigeait des formalités d’un homme de la valeur de Jacob Pereire , accueillait à bras ouverts le fils d’un Juif alsacien nommé Wolf, qui se faisait appeler le comte de Saint-Germain. Il eut un rôle dans toutes les intrigues diplomatiques de son temps, il fut initié à tous les secrets d’État, et dans ces salons sceptiques, il ne trouva pas Un contradicteur, lorsque ce Juif errant de Cour affirmait que, doué d’unef jeunesse éternelle, il avait été contemporain de Jésus- Christ, et qu’il lui avait rendu de bons offices auprès de Ponce-Pilate . Personne ne mettait en doute qu’il ne sût fabriquer des diamants à volonté. A ceci, quoi d’étonnant ? N’avons-nous pas vu Jules Ferry , ce noble esprit émancipé de tous les préjugés vulgaires, convaincu que M me Cailhava, armée de sa bague magique, allait lui découvrir assez de trésors à Saint- Denis pour combler le déficit que les dilapidations et les vols de la Répu blique ont creusé dans le budget de la France ?
L’influence de Cagliostro fut plus considérable encore. Celui-là faisait remonter sa généalogie à Charles-Martel , et Frédéric Bulau, dans ses Personnages énigmatiques et Histoires mystérieuses, nous montre ce qü’il faut penser de cette fable :
La vérité est sans doute moins brillante et moins romanesque, mais on reconnaît facilement les points d’appui qu’elle a fournis à l’imagination de Balsamo. Ce qui permit à Balsamo de se donner pour l’un des descendants