LE JUIF DANS L’HISTOIRE DE FRANCE
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de Gliarles-Martel, c’est que son arrière-grand-père, du côté maternel, s’appelait Mathieu Martello. D’ailleurs, il avait ses raisons pour insister sur sa généalogie maternelle beaucoup plus que sur sa généalogie paternelle, attendu qu’il y eût vraisemblablement rencontré beaucoup de Juifs. Gp Mathieu Martello avait deux tilles. La plus jeune, Vincenza, épousa un certain Joseph Gagliostro, natif de laNuava,et fut la marraine de notre aventurier. Elle lui donna pour nom de baptême celui de son mari; mais, par suite, Joseph Balsamo prit le nom de famille du mari de la marraine, et y ajouta le titre de comte, pour lui donner quelque chose de plus important. Ge changement de nom servit en outre à dérouter la curiosité de ceux qui auraient voulu remonter à sa véritable origine.
Pierre Balsamo, le père de l’aventurier, eut quelques mésaventures en Italie, moins graves en tous cas que celle de l’oncle de Gambetta, qui fut malheureusement pendu ; il en fut quitte pour une banqueroute frauduleuse, comme le père de Challemel-Lacour.
Bien avant l’arrivée de Gagliostro, au moment même où Louis XVI montait sur le trône, la reine Marie-Antoinette qu’Israël poursuivait d’une haine spéciale, — nous dirons tout à l’heure pourquoi, — avait déjà été attaquée comme reine et comme femme. Le premier de ces pamphlets contre la souveraine infortunée, qui devaient se multiplier à l’infini, avait été lancé par un Juif. Voici ce que dit à ce sujet M. de Loménie qui avait eu entre les mains tous les papiers de Beaumarchais, et auquel l’ouvrage intitulé Beaumarchais et son temps ouvrit les portes de l’Académie française :
Le zèle de Beaumarchais ne pouvant pas, à cause de son blâme, être utilisé officiellement, c’est toujours en qualité d’agent secret que le gouvernement de Louis XVI l’envoie de nouveau à Londres en 1774. Il s’agissait encore d’arrêter la publication d’un libelle qu’on jugeait dangereux. Il était intitulé : Avis à la branche espagnole sur ses droits a la couronne de France, a défaut d'héritiers. Sous cette apparence de dissertation politique, le pamphlet en question était spécialement dirigé contre la reine Marie- Antoinette; on n’en connaissait pas l’auteur; on savait seulement que la publicité en avait été confiée à un Juif italien nommé Guillaume Ange- lucci, qui portait en Angleterre le nom de William Hatkinson, qui usait d’une foule de précautions pour garantir son incognito et qui avait à sa disposition assez d’argent pour faire imprimer en même temps deux éditions considérables de son libelle, l’une à Londres, l’autre à Paris.
Le titre complet de l’ouvrage, que des polémiques récentes ont rendu presque - d’actualité, paraît avoir été : Dissertation extraite d'un plus grand ouvrage, ou Avis important à la branche espagnole sur ses droits à la couronne de France à défaut d’héritiers et qui peut être même très utile à toute la famille de Bourbon, surtout au roi Louis XVI. 9. A. à Paris. MDGGLXXIV.