226
LA FRANCE JUIVE
ce pauvre honnête homme. On criait, notamment dans les rues, en 1790, un canard de quelques feuilles : La passion et la mort de Louis XVI, roi des Juifs et des Chrétiens. — A Jérusalem . — L’épigraphe portait : Populus meus, quid feci tibi ?
En tête figurait une gravure curieuse ; elle représentait le roi, couronné et portant le manteau fleurdelysé, mis en croix, à sa droite et à sa gauche le Clergé et le Parlement. Dans le fond, l’Assemblée délibère, tandis que sur le devant des canons sont braqués sur elle.
Dans le texte, Philippe d’Orléans est Judas Iscariote , Bailly Pilate, La- fayette Caïphe.
« Eli, Eli lamma sabbacthani, mon peuple, mon peuple chéri, pourquoi m’avez-vous abandonné? »
C’est en vain que le pauvre roi adresse cet appel désespéré aux Fran çais . La plèbe, conduite par les meneurs étrangers, répond : « Il n’est pas notre roi, nous n’en voulons pas pour notre roi, nous ne connaissons d’autres rois que les Césars de faubourg et nos douze cents souverains... A la lanterne! à la lanterne! »
Le Nouveau Calvaire, une gravure publiée un peu plus tard et qui se vendait chez Webert, au Palais-Royal, Galerie de bois, n° 203, formait un tableau complet. « N° 1 : Louis XVI attaché par les révoltés à une croix que surmonte le bonnet phrygien. Au bas on lit, sur une table de proscription, le nom des trois Rohan, de Condé, de Bouillé, de Mirabeau, de Lambesc. N” 2 et 3 : Monsieur et Monseigneur le comte d’Artois liés par les décrets des factieux. N° 4 : Robespierre à cheval sur la Constitution, suivi de la gent Jacobine, présente au bout d’une pique l’éponge imbibée du fiel de ses motions régicides. N 0 5 : La reine, accablée de douleur, montre son époux à ses frères et sollicite une prompte vengeance. N° 6 : La duchesse de Polignac au pied de la croix. N° 7 : Monseigneur le prince de Condé tire l’épée et s’apprête à venger son roi *. »
L’immense majorité de la nation ne se doutait pas de ce qu’on lui faisait faire. Les Juifs, qui dirigeaient la Franc-Maçonnerie , se gardèrent bien, on le devine, de montrer de quoi il s’agissait et restèrent derrière le rideau.
La question juive , proprement dite, n’inspirait guère de sympathie en France . La Société royale des Sciences et des Arts de Metz , avait cependant