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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LE JUIF DANS LHISTOIRE DE FRANCE

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institué un prix pour le meilleur mémoire sur le moyen daméliorer le sort des Juifs. Le prix qui devait être décerné en 1787 ne le fut que le 23 août 1788. Ce fut labbé Grégoire qui obtint ce prix avec son essai sur la Régénération physique, morale et politique des Juifs.

Le travail de labbé Grégoire, disait Rœderer dans un premier rapport, résout presque toutes les difficultés. Il séclaire de la politique, de fhistoire et de la morale. Une philosophie saine et quelquefois sublime sy montre avec dignité, avec éclat... mais louvrage est informe et indigeste, les ma­tières y sont mal disposées.

Les remaniements auxquels se livra lauteur firent disparaître quel­ques-uns de ces inconvénients sans enlever à louvrage son caractère de médiocrité.

Tout en ne cachant pas ses sympathies pour les Juifs, labbé Grégoire les défendait un peu à la façon de Lacretelle ; il traçait une peinture na­vrante de la façon dont ils pressuraient les malheureux qui avaient affaire à eux :

Habitants infortunés du Sundgau, répondez, si vous en avez encore la force ! Cet effrayant tableau nest-il pas celui de létat auquel plusieurs Juifs vous ont réduits?

Votre contrée, jadis fertile, et qui enrichissait vos pères, produit à peine un pain grossier à une foule de leurs neveux, et des créanciers, aussi impitoyables que fripons, vous disputent encore le prix de vos sueurs. Avec quoi les cultiveriez-vous, désormais, ces champs, dont vous navez plus quune jouissance précaire? Vos bestiaux, vos instruments dagri­culteur ont été vendus pour assouvir des vipères, pour acquitter seulement une partie des rentes usuraires accumulées sur vos têtes. Ne pouvant plus solliciter la fécondité de la terre, vous êtes réduits à maudire ceiies de vos épouses qui ont donné le jour à des malheureux. On ne vous a laissé que des bras desséchés par la douleur et la faim, et sil vous reste encore des haillons pour attester votre misère et les baigner de vos larmes, cest que l'usurier juif a dédaigné de vous les arracher*.

Jignore pourquoi les Juifs nont pas fait graver ce passage sur le Piédestal de la statue quils ont élevée avec notre argent à labbé Grégoire *. Quant à lidée dun homme qui dit : « Voilà la peste, je

1. Pour bien connaître tout ce que peut supporter le papier qui, a-t-on dit, supporte tout, *1 faut rapprocher ce tableau tracé par un ami ardent d-s affirmations de Renan dans une conférence fait- au cercle Saint-Simon, et qui lui avait été demandée parle Juif Mayrargues, trésorier du cercle :

Quand l'Assemblée nationale, en 1791, décréta lémancipation des Juifs, elle soccupa ej trêmement peu de la race. Elle estima que les hommes devaient être jugés non par le sang îui coule dans leurs veines, mais par leur valeur morale et intellectuelle. »

2. On sait le triste rôle joué plus tard par cet apostat, qui trahit successivement toutes les causes, et dont M. Jules Simon na pas craint de faire léloge. En mission en Savoie, i> vota