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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

Ouvrier des champs ou des villes, il est tranquille sur une terre il ny a que des Français comme 1 lui. Paysan, il danse le soir aux musettes, il chante ces belles rondes des aïeux dont un lointain écho parfois nous ravit dans une province reculée. Artisan, il a ses corporations fraternelles, ses confréries, lon se réunit pour prier pour les compagnons morts ou pour entendre la messe avant daller souper ensemble le jour lon reçoit un maître. On aime ce travail quon a le loisir de bien faire et quon relève par cette jolie préoccupation dart qui nous enchante dans les moindres débris du Passé. La milice, qui prend dix mille hommes par an et ceux uniquement qui ont le goût du régiment, ne pèse pas bien lourdement sur le pays, et cest gaîmentque le village conduit jusquà la ville prochaine le soldat des armées du roi.

Regardez maintenant ce paria de nos grandes cités industrielles, courbé sous un labeur dévorant, usé avant lâge pour enrichir ses maîtres, abruti par livresse malsaine! Il est redevenu ce quétait lesclave antique, selon Aristote, un instrument vivant, emphuhon organon.

Il faut chauffer cette machine humaine ; il faut que ce damné de la vie, auquel les journaux juifs ont enseigné quil ny a plus de ciel, sarrache un instant à laffreuse réalité qui lui pèse. On a inventé lalcool. Plus de ces bons vins frais qui quelquefois montaient à la tête, mais dont la légère ivresse senvolait dans une chanson ; à leur place dhorribles mélanges de vitriol et dacide acétique qui donnent le delirium tremens au bout de quelques années, mais qui sur le moment galvanisent un peu lorganisme endormi.

Nimporte ! lenvoûtement tient toujours. Écoutez ce malheureux, cou­ché ivre dans la rue, qui se relève péniblement pour ne point être écrasé par la voiture dun Rothschild, dun Eplirussi.dun Gamondo; il se souvient dans son délire du jargon biblique que ses exploiteurs lui ont appris à parler, et il murmure: « Cest vrai, tout de même, que la Révolution fran­çaise a été un nouveau Sinaï. »