Druckschrift 
La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
Entstehung
Seite
251
Einzelbild herunterladen

LE JUIF DANS L'HISTOIKE DE FRANCE

251

insolent, mais dont les richesses, après la mort, revenaient à lÉtat par moi­tié. Appliqué à des familles comme les Rothschild, ce système aurait donné d'excellents résultats et aurait fait rentrer dans le domaine public les excédents de bénéfices perçus, sans empêcher ces races mercantiles par excellence dobéir à leur vocation pour les trafics dargent. Rome avait encore le Peregrinus auquel il était défendu dapprocher de Rome; mais, aux plus mauvais jours de son histoire, l'affranchi nétait pas admis à entrer dans la curie dune cité provinciale. Jamais le Peuple-Roi naurait compris quun étranger, même naturalisé comme Spuller ou Gambetta, fut légal du fils des vieux citoyens qui avaient fondé la grandeur romaine.

Au moment de la réunion des députés Juifs en 1806, un jurisconsulte illustre, dont la haute et sereine intelligence était étrangère à toute influence fanatique, Portalis, se prononçait très clairement sur ce point dans un mémoire qui na pas moins de 30 pages et qui est un chef-dœuvre dimpartialité et de bon sens ;

i/Assemblée constituante avait cru que, pour rendre les Juifs bons citoyens, il suffisait de les faire participer indistinctement et sans condi­tions à tous les droits dont jouissent les citoyens français; mais lexpérience a malheureusement prouvé que si on navait pas manqué de philosophie on avait manqué de prévoyance, et que dans certains milieux on ne peut se permettre de promulguer utilement de nouvelles lois quautant que lon a travaillé avant tout à préparer et à former de nouveaux hommes.

Lerreur vient de ce quon na voulu voir quune question de tolérance religieuse dans le problème à résoudre sur létat civil des Juifs en France*.

Les Juifs ne son! pas simplement une secte, mais un peuple. Ce peuple avait autrefois son territoire et son gouvernement; il a été dispersé sans être dissous ; il erra sur tout le globe pour y chercher une retraite et non une patrie; il existe chez toutes les nations sans se confondre avec elles, il ne croit vivre que sur une terre étrangère.

Cet ordre de choses tient àla nature et à la force des institutions judaïques. Quoique tous les États aient en général un même objet, celui de se con­server et de se maintenir, chaque Etat en a pourtant un qui lui est parti­culier. Lagrandissement était lobjet de Rome, la guerre celui de Lacédé­mone, la culture des lettres celui dAthènes, le commerce celui de Carthage et la religion celui des Hébreux.

Cest dans la nature dune telle législation que les philosophes et les savants ont cherché lexplication de sa durée. On comprend en effet que. quand chez un peuple la religion, les lois, les mœurs et les usages de la vie sont la même chose, il faudrait, pour opérer quelque révolution dans les opinions et dans les coutumes de ce peuple, pouvoir changer à la fois toutes les institutions et toutes les idées reçues dont son existence se com-

1. Cest ce que disaient les marchands de Paris en 177", en employant une uulrc forme. Cest le point de vue auquel se placent les antisémites d'Allemagne, dAutriche-Hongrie, de Roumanie, qui laissent absolument de côté la question confessionnelle.