LE JUIF DANS L’HISTOIRE DE FRANCE
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Ce qui fut dit fut fait; le jeune décrotteur fut installé dans l’hôtel du banquier et profita de l’instruction qu’il recevait si libéralement; il devint valet de chambre, factotum de la maison, puis employé, puis caissier. Il épousa une des femmes de chambre de M mc Cerfbeer de Medelsheim, et enfin voulut s’établir à son compte, et fonda une maison de banque à Paris. Pour cela son bienfaiteur lui fit une avance de trente mille francs, mais ils ne suffirent pas et la nouvelle banque sombra. Une nouvelle somme de trente mille francs fut avancée qui ne releva pas les affaires ; enfin une troisième somme de pareille valeur fut apportée en poste au failli par M me Alcan, petite-fille de Cerfbeer et nièce du général baron Wolfl. Cette fois la fortune sourit aux efforts de Fould et ne le quitta plus. Il s’associa son fils Benoit, qui épousa une demoiselle Oppenheim, de Cologne, d’où la raison sociale Fould et Fould-Oppenheim, longtemps connue. Ses autres fils furent Louis et Achille, l’ami et le ministre de Napoléon III; sa fille devint M mo Furtado.
Fould père est mort presque centenaire, il y a une trentaine d’années. Quant à la reconnaissance qu’il aurait dû vouer, lui et sa famille, à ses bienfaiteurs, il ne nous appartient pas d’en parler.
Dans le livre de Toussenel, la nouvelle féodalité juive est peinte de main de maître, et nous ne pouvons résister au plaisir de reproduire le terrible tableau qu’en trace l’illustre écrivain :
Montesquieu a oublié de définir la féodalité industrielle; c’est dommage. Il y avait sur ce sujet de piquantes révélations à attendre de la part du penseur spirituel qui a dit : « Les financiers soutiennent l’État, comme la corde soutient le pendu. » La féodalité industrielle, ou financière, ou commerciale, ne repose ni sur l’honneur, ni sur les honneurs, comme la République et la Monarchie de Montesquieu. Elle a pour base le monopole commercial, oppresseur et anarchique ; son caractère, c’est la cupidité, cupidité insatiable, mère de l’astuce, de la mauvaise foi et des coalitions. Toutes ses institutions portent le cachet de l’accaparement, du mensonge et de l’iniquité.
Si le despotisme anarchique n’abat que les superbes et respecte les humbles, il n’en est pas ainsi du despotisme du coffre-fort.
Celui-ci envahit la chaumière du pauvre comme le palais des princes ; tout aliment convient à sa voracité. Comme le mercure 1 subtil qui s’insinue par sa pesanteur et sa fluidité à travers tous les pores de la gangue pour s’emparer des plus minimes parcelles de métal précieux qu’elle renferme; comme le hideux ténia, dont les anneaux parasites suivent dans leurs circonvolutions tous les viscères du corps humain, ainsi le vampire mercantile fait courir ses suçoirs jusqu’aux ramifications extrêmes de l’organisme social pour en pomper toute la substance et en soutirer tous les sucs.
Le ton, sous le régime de la féodalité d’argent, c’est l’égoïsme qui
I. On remarquera, cette fois encore, que Toussenel le phalanstérien se rencontre dans l’expression même avec les marchands parisiens du xvni” siècle, dont nous avons reproduit en partie la Requête.