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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

esclaves, avant dexpirer, mais leur laissaient de quoi vivre tranquilles. « Après ma mort, dit Trimalcion lui-même, je veux que mes esclaves boivent de leau libre. »

Les Pereire cependant sont relativement de braves gens. Ils vivent fort simplement et nont même pas, je crois, de loge à lOpéra ; ils font du bien, modérément, mais ils en font et ils le font sans bruit ; de famille infiniment plus honorable et plus française que les Rothschild , ils nont point, comme ces échappés de ghetto, la fureur de se mettre sans cesse en avant, la grossière impudence de venir écraser de leur faste insolent des familles dont le nom est glorieusement mêlé à notre histoire. Cette attitude leur attire la considération, et sous le rapport mondain, ils sont aussi respectés que les Rothschild , avec leurs prétentions ridicules, sont honnis, bafoués et méprisés de ceux mêmes qui les fréquentent.

Avec les idées quils remuèrent, les Pereire rendirent au Judaïsme, sous le gouvernement de Louis-Philippe , limmense service de faire sortir les Juifs de leur isolement, de les mêler de plus près à la collectivité, de bien mettre sur lhorizon la siliouette du Juif humanitaire servant en apparence la cause de la civilisation.

A la vieille usure les Rothschild avaient substitué les emprunts dÉtat. Les Pereire créèrent tout un système financier nouveau; bienfaits du crédit, roulement incessant de largent, circulation des capitaux, ils enveloppèrent le tout dun simulacre de philosophie et dun soupçon de littérature : rap­prochement des peuples, amélioration, suppression du paupérisme...

Sans doute les Pereire eux-mêmes nauraient pas trouvé cela tout seuls. A leurs intimes ils montraient le crâne de Saint-Simon quils avaient pieusement gardé dans leur demeure ; on peut dire que ce crâne était un emblème. De ce malheureux crâne vidé, gratté, curé, raclé par les deux frères, étaient sorties toutes les idées de Crédit foncier et de Crédit mobilier, toutes les étiquettes de sociétés qui ont enrichi Israël au xix» siècle.

Le mérite des banquiers de la rue Saint-Honoré fut de voir ce quon pouvait tirer de ce thème. Ils fournirent ainsi aux Juifs allemands cette petite histoire, ce romancero pacifique ou guerrier quil faut toujours raconter à lAryen pendant quon lui prend son magot, la musique néces­saire pour accompagner lextraction des molaires.

Cette mise en scène nétait pas inutile.

Lenvahissement du Juif, en effet, subi docilement aujourdhui, sou­levait alors de violentes protestations.