LE JUIF DANS L’HISTOIRE DE FRANCE
283
L’école romantique, qui avait ressuscité littérairement l’ancienne France, redressé beaucoup d’idées fausses, reconstitué avec leur couleur et leur relief les mœurs d’autrefois et l’existence des générations disparues, avait pu se rendre compte, dans son étude du Passé, des raisons qui justifiaient la répulsion de nos aïeux pour le Juif.
Dans Victor Hugo, l’épithète d’immonde est presque toujours accolée au nom du Juif.
La société française protestait énergiquement contre l’ennemi qui allait la détruire par la ruse. Tout Paris, révolté par le luxe de mauvais goût que commençait à afficher Nucingen, battait frénétiquement des mains à la scène de Marie Tudor, où Fabiani-Delafosse disait à Lockroy-Gilbert : « Ils sont tous ainsi, ces Juifs. Le mensonge et le vol, c’est tout le Juif. »
A l’inauguration du chemin de fer du Nord quelques fanatiques essayèrent de crier : Vive Rothschild ! Mais aussitôt des sifflets et des huées se firent entendre. A Versailles, la foule s’amassait, en éclatant de rire, devant la Smalah d’Abd-el-Kader, où Vernet avait représenté Fould sous les traits d’un Juif s’enfuyant avec la cassette.
En ce temps-là, on osait ce que personne n’oserait maintenant. On attaquait ouvertement Rothschild, on publiait et l’on vendait à 75,000 exemplaires des brochures amusantes et spirituelles qui contiennent d’étonnants détails sur les tripotages de la Juiverie.
Gela s’appelait : Histoire édifiante et curieuse de Rothschild I n roi des Juifs; — Rothschild / or , ses valets et son peuple, guerre aux fripons, etc., et faisait la joie d’un Paris encore indépendant. Les Etrennes à Rothschild, Almanach des mille et un, avaient le même succès.
Il faut mentionner encore dans cet ordre une piquante brochure, parue en 1846, dont toutes les prédictions se sont réalisées et qui semble raconter des événements d’aujourd’hui. Elle avait pour titre : Grand Procès entre Rothschild P 1 , roi des Juifs, et Satan, dernier roi des imposteurs : arrêt rendu sur le réquisitoire de Junius, rapporteur général. A la première page, on lisait : Arrêt donné au Forum en faveur de J. Rothschild, se disant roi des Juifs, ci-devant huissier des cours d’Europe, fermier général des travaux publics de France,d’Allemagne, d’Angleterre, etc., etc.,suzerain de l’escompte, de l’usure, du prêt sur gages, de l’agiotage, etc., financier, industriel, décoré de l’ordre du Christ, de l’ordre de la Légion d’honneur, etc., etc.
Pour le maintien des privilèges légitimes, monopoles, omnipotence universelle de la maison Rothschild et en particulier dudit James Rothschild I er .
Dès 1835, avait paru un ouvrage d’un nommé Renault Becourt, dont