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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LE JUIF DANS LHISTOIRE DE FRANCE

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comprendre que la chance de gagner implique quon accepte le risque de perdre. ,

La conduite du gouvernement était toute tracée : il navait quà empoi­gner ce banqueroutier et quà le déposer à Mazas, qui justement venait dêtre construit.

Le bon Goudchaux, vous le devinez, se garda bien dagir ainsi, il con­sidérait comme valable la théorie de Rothschild , que la parole donnée au goy nengage pas le Juif. Non seulement il admit en secret cet homme, qui venait de manquer à ses engagements envers lÉtat, à une nouvelle émission de 13 millions de rente 5 pour cent à dexcellentes conditions, mais encore il poussa lamabilité jusquà lui fournir les fonds nécessaires au service de lemprunt grec.

Ici Gapeflgue tombe frappé dadmiration, et nous nous expliquons ce sentiment 1 . Dans lhistoire, je connais peu dépisodes plus amusants. Le peuple est tout noir de poudre ; il meurt de faim sur les pavés quil a remués ; tous les ateliers sont fermés ; enfin il est vainqueur, il est éman­cipé, il a assuré la liberté du monde, il a réussi... à quoi? A mettre au ministère des Finances un obscur changeur juif : le Goudchaux. Au milieu de tant de misères suppliantes, une misère seule frappe lâme sensible de lenfant dIsraël ; dans le Trésor à sec, il trouve moyen de ramasser quelques fonds, et il les porte lui-même... à M. de Rothschild!... Voilà, Lockroy, la comédie que tu aurais faire ; tu nous aurais divertis davantage quavec le Zouave est en bas...

Proudhon , dun mot rude et juste, définit la Révolution de 1848 : « La France, dit-il, na fait que changer de Juif. »

Peu sen fallut, cependant, que cette Révolution neût une influence considérable sur lavenir de la France . Dès la proclamation de la Répu­ blique , les paysans du Haut et du Bas-Rhin , si cruellement pressurés,

I. Emile Barrault , dans la série de Lettres vendues dans les rues en forme de placards qu'il adressait, en 1848, alors quil était rédacteur en chef du Tocsin des Travailleurs, à tous les hommes du moment, à Lamartine , à Thiers , à Cavaignac , au prince Louis Napoléon , manifestait le même étonnement :

« Vous êtes un miracle, monsieur, disait-il, au début de sa lettre à Rothschild . Malgré ses quatre archiducs, malgré sa majorité légale, Louis-Philippe tombe ; Guizot sabtme; ensemble sen vont la royauté constitutionnelle et léloquence parlementaire: vous résistez. Et ce nest pas seulement la puissance établie que Février renverse ; ce quil élève, il labat. sont la personnification de la poésie, et lillustration de la science, quune explosion de popularité lança jusquau faite ; sont Arago et Lamartine ? A terre. Vous, vous planez. Actionnaires, boutiquiers, fabricants, rentiers, se culbutent en foule, grands sur petits, écra­sants sur écrasés. Seul, au milieu de tant de ruines, vous ne bronchez pas... Bref, toute opu­lence sécroule, toute gloire shumilie, toute domination se précipite ; le Juif, roi de l'époque, a gardé son trône.»