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LA FRANCE JUIVE
sam ment traversée par les allants et venants, qui causent tout haut et qui livrent toujours, à des oreilles toujours tendues, une nouvelle intéressante, un renseignement utile. Son voisin Schiller a à lui les organes plus sérieux, comme le Temps. Witterslieim a l 'Officiel. Dollingen et Cerf, deux Juifs, tiennent les journaux par les annonces. Les correspondants juifs, les Lewita, lesLevysohn, les Deutsch, arrivent à l’heure de la mise en page dans les cabinets de rédaction, s’installent dans un bon fauteuil, lisent les épreuves avant les écrivains, et recueillent tranquillement sur leurs carnets tout ce qu’on dit de vive voix et ce qu’on n’écrit pas.
Regardez vers le quartier où l’on travaille : le Juif Germain Sée, en dépit des courageuses pétitions de M. Giraud au Sénat, démoralise la génération qui grandit, en enseignant le matérialisme à la jeunesse. Tournez-vous vers les endroits où l’on s’amuse, et, sous les palmiers en zinc de Mabille, vous apercevrez le Juif Albert Wolf, causant familièrement avec le colonel Dupin et se faisant expliquer par l’ancien chef des guerrilleros au Mexique, sur lequel il a publié un intéressant article, les côtés faibles de l’armée française.
Entrez aux Tuileries : c’est Adrien Marx qui occupe l’emploi de Racine et qui est historiographe de France; c’est Jules Cohen qui dirige la musique de la Chapelle; c’est Wadteufel qui conduit l’orchestre des bals de la Cour. Les Archives Israélites demandent qu’on nomme professeur de mathématiques du Prince Impérial un Juif de Bohème nommé Philippe Koralek.
Pénétrez dans la retraite sacrée dont nul, pas même l’Empereur, ne franchit le seuil : vous y verrez une femme agenouillée devant un prêtre et lui confiant ses anxiétés de souveraine et de mère à propos de la guerre qui se prépare.
Ce prêtre est le Juif allemand Jean-Marie Bauer. — Jamais, depuis Cagliostro, Tinterlopisme juif, qui produit cependant de si curieuses figures, n’a produit un type aussi complet, aussi digne d’intéresser l’écrivain qui, plus tard, s’efforcera de peindre notre siècle étrange.
Un beau matin, ce converti suspect arrive dans cette France dont le clergé, par la hauteur de son esprit, la profondeur de sa science, la dignité de sa vie, est l’admiration du monde entier; il se met en tête de supplanter le vénérable abbé Deguerry, aumônier de l’Impératrice depuis de longues années, d’occuper ce poste de confiance de préférence à tous les prêtres du pays, et il réussit...
Parvient-il à son but à force d’hypocrisie, en affichant d'apparentes vertus? Nullement; sa devise à lui, comme à tous les Juifs, est qu’on peut