LE JUIF DANS L’HISTOIRE DE FRANCE
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tout se permettre avec les Français; il organise ces fameux lunchs ecclésiastiques où assistent les futurs conseillers de Paul Bert, ceux qui chantent sans doute avec un prélat connu pour son républicanisme :
Notre paradis est un sein chéri.
Habillé par 'Worth, il porte un costume de charlatan; il étale un luxe de dentelles qui fait rêver les femmes.
Le siège commence ; cet acrobate à bas violets chausse les bottes à l’écuyère; il est aumônier général des ambulances, il galope aux avant- postes, et ses cavalcades l’entraînent toujours si près de l’ennemi qu’il aurait le temps de lui jeter quelques renseignements utiles sur la ville assiégée.
Quand tout est fini, il éclate de rire au nez de ceux qu’il a dupés ; il jette sa robe de monsignor dans les coulisses d’un petit théâtre; il inspire des publications pornographiques sur les cocodettes du second Empire; il parade à l’Opéra, où les plus grands seigneurs admettent ce prêtre indigne dans leur loge ; l’après-midi, vous le rencontrez à cheval au Bois de Boulogne, où il fait le salut militaire à Gallifet, qui, d’un geste de la main, lui renvoie une bénédiction épiscopale. Enfin, légèrement démonétisé, il finit par aller se marier à Bruxelles ‘.
En choisissant un pareil intrigant pour confesseur, la pauvre femme qui a payé si cruellement tant d’imprévoyance, obéit au sentiment général qui éloigne de plus en plus ceux qui ont une action sur les affaires du pays de tout ce qui est Français, de tout ce qui sort du sol.
Vous connaissez le mot de d’Aurevilly. Quelqu’un disait devant lui : Oh! moi, si je me confessais, je ne voudrais me confesser qu’à Lacor- daire. — Monsieur a la prétention d’avoir des remords distingués? s’écrie l’illustre écrivain catholique.
L’infortunée souveraine avait, elle aussi, des remords distingués.
En d’autres milieux, on avait l’amour des théories vagues, des paradoxes sentimentaux, des spéculations nuageuses.
Quelques mois avant la guerre, Michelet entonnait dans Nos Fils, un hymne ardent à sa « chère Allemagne ! » dont il regrette d’être séparé par le
1. Le frère de ce Bauer remplit à Madrid le rôle que remplissait en Belgique le Lambert ?ui a épousé une Rothschild; il est l’agent général de la Juiverie en Espagne. Le vicomte Bresson, premier secrétaire de l’ambassade de France et maintenant chargé d'affaires à Belgrade, venait avec sa femme jouer la comédie de société; chez lui, tantôt du Feuillet, tantôt du Gozlan. Vous devinez le mépris qu'inspirait aux Espagnols, si fiers et si dignes, l’avilissement devant un Juif de cette France d'où sont sortis les Buurbous d’Espagne.