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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JDIVE

Waterloo; elle navait qu'à faire ce quelle avait toujours fait dans des circonstances analogues, à signer la paix, à soigner ses blessures, à dire : « Je serai plus heureuse une autre fois. »

Cest ainsi que Bismarck , qui raisonnait daprès les principes du sens commun, avait compris les choses. Ainsi quil la déclaré à maintes repri­ses, notamment à M. Werlé, maire de Reims 1 , il comptait signer la paix à Reims ; après quoi chacun serait rentré chez soi, les uns avec un pied de nez, les autres avec des lauriers, ainsi que cela se voit depuis le commen­cement du monde.

Deux milliards, cétait bien maigre pour les Juifs, qui traînaient après eux tout un personnel daffamés, auxquels on avait promis les dépouilles de la France .

Il se produisit alors un des faits qui restera le plus singulier du xix e siècle et, on peut le dire, de tous les siècles. Un monsieur, de parents restés Italiens, à peine Français lui-môme, puisquil navait opté pour la nationalité française quau dernier moment et avec la certitude quune infir­mité le dispenserait de tout service, doublement étranger, puisquil était Juif, et qui, en tout cas, ne représentait que les douze mille électeurs qui lavaient nomme, vint dire :

« Mon honneur est tellement chatouilleux, mon courage est dune essence si rare, que je ne puis consentir à ce quon fasse la paix, et que, de mon autorité privée, je veux continuer une guerre à outrance. »

Dans les civilisations les plus rudimentaires, chez les Gafres et chez les Boscliismans, il y a, dans les cas graves, un semblant de consultation du pays ; on demande à la tribu réunie : « Etes-vous davis de prendre vos arcs, vos flèches ou vos tomahawks ? »

1. Lire la conversation de M. de Bismarck avec le maire de Reims . M. Werlé, en quittant le Chancelier, consigna fidèlement le teite exact de cet entretien dans le journal quil tenait des moindres faits de loccupation prussienne; le Figaro a reproduit une partie de ce document.

Le roi de Prusse quitta Reims pour se rendre à Ferrières, le mercredi 14 septembre, vers dix heures du matin.

La veille, M. de Bismarck, vint trouver M. Werlé et lui dit :

« Nous partons demain ; je quitte, le cœur gros. Nous espérions signer la paix à « Reims , cétait la volonté du roi et mon plus ardent désir : cest dans cet espoir que nous « sommes restés dix jours ici. On nous force de continuer la guerre... on le regrettera. »

Monsieur le comte, interrompit M. Werlé, la France na aucun intérêt à continuer la guerre, et, pour quelle refuse la paix, il faut que vos conditions soient inacceptables.

Je vais vous les dire, reprit M. de Bismarck : nous demandons deux milliards, Strasbourg « avec une bande de terrain do 4 ou 5 lieues de large jusquà Wissembourg , afin que le « llbin coule des deux côtés dans des villes allemandes. Nous demandons la réunion des « Chambres, car cest avec elles seules que nous pouvons traiter, et c'est ajouta-t-il cette « dernière condition qui rencontre le plus de difficultés. »