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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

comme Bordone, à des Polonais équivoques comme de Serres : et tu ne penses quà diminuer encore le peu de forces qui nous restent pour affran­chir quelques abjects marchands de dattes et de pastilles du sérail ! »

Quand Gambetta et Grémieux eurent fait leur tâche, Jules Simon vint à Bordeaux annoncer quil était temps de représenter la grande pièce des cinq milliards pour laquelle lemprunt Morgan navait été quun simple lever de rideau.

On a prétendu quon ne saurait jamais ce qui sétait dit dans cette entrevue de Bordeaux ; il nest point malaisé cependant, daprès les faits, de deviner quel a été le canevas du discours. Cest la méthode de Tive-Live.

« Frère, a dire Jules Simon, tu ten es assez donné, toi et tes amis; cède la place aux Juifs allemands qui attendent impatiemment leur part de curée; tu reviendras avec un autre tour dans ton sac, et après avoir person­nifié merveilleusement, par ton bouillant courage, la guerre à outrance, tu personnifieras avec tes qualités dorganisation et tes connaissances en géographie lespoir de la revanche. »

Remarquez que dans ces conférences, se décide le sort de la France, le Français originaire, le Français natif, le fils des Français, qui ont défri­ché le sol, fait la Patrie, nintervient en aucune façon. Le dialogue se pour­suit entre deux Juifs étrangers : lun est Italien et descend dAllemands qui sappelaient Gamberlé; lautre est Suisse, sappelle Schweizer de son nom primitif, Suisse de son nom dacte de naissance, Simon de son nom litté­raire 1 . Ni le premier, ni le second, nont reçu pour gouverner aucune espèce de mandat.

Il ne déplaît pas à limagination de se figurer les vrais représentants du pays, qui paye, qui combat, qui meurt, attendant dans une antichambre la fin de cette entrevue israélite.

Jai trois de mes enfants tombés pour la Patrie, dit un vieillard à cheveux blancs ; faut-il sacrifier le dernier? Je suis prêt.

Faut-il aller soigner des blessés ou des varioleux? interroge la Sœur de Charité; jattends vos ordres en priant Dieu pour vous.

Grand merci, dit Jules Simon, que létude de la philosophie a rendu civil; une prière, cela ne fait jamais de mal.

Dieu! de quoi? Est-ce quil y a un Dieu! exclame Gambetta, en

1. Il est toujours amusant de voir comment ces gens- se respectent entre eux. Voilà comment, au mois de mai 1884, le journal de Gamberlé traitait ce pauvre Jules Simon : « M. Schweizer dit Suisse, dit Simon, qui a changé de nom comme tous les comédiens, etc... etc. »