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LA FRANCE JUIVE
comme Bordone, à des Polonais équivoques comme de Serres : et tu ne penses qu’à diminuer encore le peu de forces qui nous restent pour affranchir quelques abjects marchands de dattes et de pastilles du sérail ! »
Quand Gambetta et Grémieux eurent fait leur tâche, Jules Simon vint à Bordeaux annoncer qu’il était temps de représenter la grande pièce des cinq milliards pour laquelle l’emprunt Morgan n’avait été qu’un simple lever de rideau.
On a prétendu qu’on ne saurait jamais ce qui s’était dit dans cette entrevue de Bordeaux ; il n’est point malaisé cependant, d’après les faits, de deviner quel a été le canevas du discours. C’est la méthode de Tive-Live.
« Frère, a dû dire Jules Simon , tu t’en es assez donné, toi et tes amis; cède la place aux Juifs allemands qui attendent impatiemment leur part de curée; tu reviendras avec un autre tour dans ton sac, et après avoir personnifié merveilleusement, par ton bouillant courage, la guerre à outrance, tu personnifieras avec tes qualités d’organisation et tes connaissances en géographie l’espoir de la revanche. »
Remarquez que dans ces conférences, où se décide le sort de la France , le Français originaire, le Français natif, le fils des Français , qui ont défriché le sol, fait la Patrie, n’intervient en aucune façon. Le dialogue se poursuit entre deux Juifs étrangers : l’un est Italien et descend d’Allemands qui s’appelaient Gamberlé; l’autre est Suisse , s’appelle Schweizer de son nom primitif, Suisse de son nom d’acte de naissance, Simon de son nom littéraire 1 . Ni le premier, ni le second, n’ont reçu pour gouverner aucune espèce de mandat.
Il ne déplaît pas à l’imagination de se figurer les vrais représentants du pays, qui paye, qui combat, qui meurt, attendant dans une antichambre la fin de cette entrevue israélite.
— J’ai trois de mes enfants tombés pour la Patrie, dit un vieillard à cheveux blancs ; faut-il sacrifier le dernier? Je suis prêt.
— Faut-il aller soigner des blessés ou des varioleux? interroge la Sœur de Charité; j’attends vos ordres en priant Dieu pour vous.
— Grand merci, dit Jules Simon , que l’étude de la philosophie a rendu civil; une prière, cela ne fait jamais de mal.
— Dieu ! de quoi? Est-ce qu’il y a un Dieu ! exclame Gambetta, en