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LA FRANCE JUIVE
ce qui s’est fait pendant le siège. Longtemps j’ai vendu à un concierge de la rue Grenier-Saint-Lazare, chaque jour, 4 ou 500 francs de marchandises qu’il allait porter à l’Hôtel de Ville ; il complétait le fourniment et allait le livrer.
Dans la même maison, une demoiselle de dix-huit à dix-neuf ans, Israélite , belle Allé, marchande de bons dieux*, avait su se faire ouvrir les portes de l’Hôtel de Ville et trouver moyen de livrer tous les jours 3 à 400 francs de marchandises.
Et moi, je n’ai jamais pu obtenir un marché! Cette jeune fille passait devant moi, à l’Hôtel de Ville, comme en me narguant. Elle entrait de suite, et-il me fallait attendre des heures. J’avais trois ou quatre cents ouvriers à la maison !
J’ai remarqué que les Juifs luttaient avec les fournisseurs comme nombre tout au moins. La plupart des marchés étaient donnés à ces gens- là ; ils sont plus liants, plus patients que nous; ils savent faire ce qu’il faut, ils font le nécessaire.
La demoiselle dont je parlais, me disait-on, ne veut payer que cela... ce sera mauvais I tant pis.
J’avoue que nous avons ainsi fourni nous-mêmes de mauvaises marchandises.
Il y avait des Juifs et des Juives bien intrigants qui obtenaient ce que nous ne pouvions pas obtenir. Pour y arriver, il aurait fallu donner pourboires,déjeuners, dîners, et toutes choses qui ne m’allaient pas.
L’armistice signé, le Juif redevint marchand et peu s’en fallut qu’il ne réussît à empêcher le ravitaillement de Paris ; installés à Versailles , les Juifs achetaient à vil prix tout ce qui se présentait sur le marché et le revendaient à des taux exorbitants aux commerçants parisiens . L’ancien Gaulois a tracé un croquis juste de ce monde singulier qui se traînait sur les pas du vainqueur.
Dans les rues, dit-il, circulent les soldats de toutes armes raides et silencieux. Bruyants, au contraire, sont les Juifs allemands qui ont suivi l’armée exerçant leur petit commerce avec l’obstination et l’esprit de suite qui caractérisent la race judaïque. Ces pittoresques échantillons de l’Aile- magne commerçante crient en mauvais français leurs marchandises sur le ton le plus aigu ; ils paraissent surtout bien fournis de tabac, à en juger par leur cri perpétuel : Tabac à fimer et à brisser à deux vrancs la livre! 11 y en a un notamment dont les intonations sont très comiques ; elles nous rappellent par certains côtés la voix de notre confrère Wolff.
1. Presque tous les marchands d’objets de sainteté et d’ornements d’église sont Juifs ; ce qui leur permet à la fois de réaliser de jolis bénéfices avec une clientèle qui paye régulièrement et d’espionner ce qui se passe dans le monde ecclésiastique. Tous les procès scandaleux dans lesquels des prêtres ont été mêlés ont été organisés de cette manière, grâce à un mot surpris, à un piège tendu. La façon d'agir du parti catholique en France , sa candeur, sou absence de toute précaution seront un éternel sujet d’émerveillement pour l’avenir.