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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LE JUIF DANS LHISTOIRE DE FRANCE

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çonnages bizarres vêtus de longues houppelandes brunes et ouatées. Mines allongées, lunettes d'or, cheveux longs, barbes rousses et sales, vermi- culées en tire-bouchons, chapeaux à larges bords, cétaient autant de ban­quiers israélites, autant dIsaac Laquedem , suivant larmée allemande comme les vautours. A cet accoutrement, il nétait pas difficile de recon­naître leurs professions.

Cétaient, évidemment, les comptables ou financiers juifs chargés de lencaissement de nos milliards. Après létat-major militaire, cétait létat- major du Ghetto . Nous navons pas besoin de dire quune frayeur plus accentuée encore se laissait voir sur tous ces visages effarés et sordides.

Lorsque ce double cortège se fut écoulé, il se passa un assez .long temps, plus dune heure, au moins. Nous apprîmes, le lendemain, quelle avait été la cause de cette lacune; létat-major en question sétait arrêté à lÉlysée pour y déjeuner. M. Ernest Picard avait eu la gracieuseté dy faire servir à ses amis les ennemis un festin de bienvenue arrosé de vin de Champagne .

Quand ce déjeuner républicain fut savouré et arrosé à souhait, le cortège reprit sa marche pour remonter les Ghamps-Élysées et se porter au-devant de larmée qui allait y entrer. Nous vîmes de nouveau défiler devant nous les Centaures cuirassés et rutilants, suivis des enfants dIsraël à barbes sales, mais cette fois-ci les physionomies nétaient plus les mêmes. Le déjeuner avait produit son effet: la face enluminée par le vin des meilleurs crus de France , lœil enfeu, le sirop dans la moustache, lattitude arrogante; assurés, dailleurs, quaucune agression nétait à craindre, quau­cune mine néclaterait sous leurs pas, les généraux cuirassés remontaient au grand trot lavenue 1 .

Jai constaté plus dune fois, dans mes travaux historiques, lhésita­tion quon éprouve à adopter le récit qui donne le mieux la note exacte et juste, et cest pourquoi, je le répète, je ne crains pas de recommander cette page précieuse aux historiens de lavenir.

Jhabitais moi-même alors avenue Montaigne, et forcé de sortir pour un des miens malade, jai pu vérifier la scrupuleuse fidélité de ce tableau.

Picard, selon le témoignage des voisins, aurait assisté au commen­cement du repas. En tout cas, il vint lui-même à lElysée veiller à ce que rien ne manquât au déjeuner des vainqueurs.

Aux Juifs allemands sétaient mêlés pas mal de Juifs français , qui déjà soccupaient du fameux emprunt, et cette Bourse, au milieu dun camp, avait le plus étrange aspect; elle était comme lépilogue lamentable et comique, comme le commentaire sinistre et grotesque de cette guerre juive .

Tout est vrai, encore une fois, dans le récit de M. René de Lagrange, notamment lépisode de ce malheureux ouvrier qui, fou de douleur patrio-

I. Voir un article du Bien public, 5 mars 1871, jai, je crois, donné limpression vraie du départ des Allemands , remontant en bataille lavenue des Champs-Elysées au milieu des fanfares, et défilant devant lArc de Triomphe .