Druckschrift 
La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
Entstehung
Seite
316
Einzelbild herunterladen

316

LA FRANCE JUIVE

tique, plongea son couteau dans le poitrail du cheval dun général, et, livré de suite à la Prévôté allemande, fut fusillé, croyons-nous, derrière le Palais de lIndustrie.

Cette exécution sommaire avait le caractère d'un présage et la signifi­cation dun avertissement.

Louvrier parisien, tel quil était encore, gênait la Franc-Maçonnerie juive . Cétait un type bien singulier que celui-. Tout se mêlait dans sa cervelle confuse : il aimait la France et la Pologne , parce quelle avait été persécutée; il détestait ce quil appelait, on na jamais su pourquoi, le parti prêtre; mais il nadmettait pas, comme Paul Bert, que lhomme fût tout à fait semblable à un chien ; il regardait sans horreur le crucifix qui ornait son humble demeure; il se souvenait de lavoir placé jadis sur le lit quelque être cher venait dexpirer; il y suspendait aux Hameaux la branche de buis bénit que lenfant rapportait ; près du crucifix, parfois était attachée la croix dhonneur de quelque compagnon de Napoléon I er .

Louvrier parisien était, en eilet, révolutionnaire et chauvin ; il tirait sur la troupe aux jours démeute, et sentait son cœur battre lorsque quelque régiment défilait dans les faubourgs. Convaincu, par la lecture dEu­ gène Sue , que les Jésuites passaient leur vie à accaparer les héritages, il nen disait pas moins un amical bonjour au Frère qui lavait instruit. Il sélevait avec force contre la superstition, et aurait été désolé que son fils et sa fille ne fissent pas leur première communion. Le grand jour arrivé, il laissait la mère et l'enfant partir seuls pour l'église ; puis, brusquement, jetait loutil, passait la redingote des dimanches, et, caché derrière un pilier, il cherchait le garçon ou la fillette, parmi la foule blanche qui ondulait dans la nef au bruit des cantiques, aux clartés des cierges ; quand il avait reconnu un visage aimé, il se détournait pour essuyer une larme, se trouvait face à face avec un camarade qui pleurait comme lui et disait : « Toi aussi, mon vieux... quest-ce que tu veux, cela vous remue 1 ! ».

1. Voir à ce sujet, comme excellent document sur létat desprit réel de la population pari­sienne, le curieux Journal tenu pendant la Commune, par le curé de Saint-Thomas dAquin, labbé Ravailhe. Au moment de faire faire la première communion à ses enfants, le digne curé craint que les fédérés, qui occupent la place et le musée dartillerie, ne sopposent à la sortie de la procession ; il va tranquillement trouver le chef de poste. Comment donc, répoud le brave insurgé, et il fait mettre ses hommes sous les armes et sonner le clairon, pendam que les enfants passent en chantant. Le lendemain le bataillon était changé, et M. labbé Ravailhe ajoute quil ne sait pas ce que lofficier fédéré est devenu. 11 aura été tué (par derrière) par quelque ami de Simon Mayer et de Dacosta, ou dénoncé aux Versaillais par quelque Franc-Maçon , auquel lopportunisme aura donné, plus tard, un poste de percep-