LE JUIF DANS L’HISTOIRE DE FRANCE
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çonnages bizarres vêtus de longues houppelandes brunes et ouatées. Mines allongées, lunettes d'or, cheveux longs, barbes rousses et sales, vermi- culées en tire-bouchons, chapeaux à larges bords, c’étaient autant de banquiers israélites, autant d’Isaac Laquedem , suivant l’armée allemande comme les vautours. A cet accoutrement, il n’était pas difficile de reconnaître leurs professions.
C’étaient, évidemment, les comptables ou financiers juifs chargés de l’encaissement de nos milliards. Après l’état-major militaire, c’était l’état- major du Ghetto . Nous n’avons pas besoin de dire qu’une frayeur plus accentuée encore se laissait voir sur tous ces visages effarés et sordides.
Lorsque ce double cortège se fut écoulé, il se passa un assez .long temps, plus d’une heure, au moins. Nous apprîmes, le lendemain, quelle avait été la cause de cette lacune; l’état-major en question s’était arrêté à l’Élysée pour y déjeuner. M. Ernest Picard avait eu la gracieuseté d’y faire servir à ses amis les ennemis un festin de bienvenue arrosé de vin de Champagne .
■Quand ce déjeuner républicain fut savouré et arrosé à souhait, le cortège reprit sa marche pour remonter les Ghamps-Élysées et se porter au-devant de l’armée qui allait y entrer. Nous vîmes de nouveau défiler devant nous les Centaures cuirassés et rutilants, suivis des enfants d’Israël à barbes sales, mais cette fois-ci les physionomies n’étaient plus les mêmes. Le déjeuner avait produit son effet: la face enluminée par le vin des meilleurs crus de France , l’œil enfeu, le sirop dans la moustache, l’attitude arrogante; assurés, d’ailleurs, qu’aucune agression n’était à craindre, qu’aucune mine n’éclaterait sous leurs pas, les généraux cuirassés remontaient au grand trot l’avenue 1 .
J’ai constaté plus d’une fois, dans mes travaux historiques, l’hésitation qu’on éprouve à adopter le récit qui donne le mieux la note exacte et juste, et c’est pourquoi, je le répète, je ne crains pas de recommander cette page précieuse aux historiens de l’avenir.
J’habitais moi-même alors avenue Montaigne, et forcé de sortir pour un des miens malade, j’ai pu vérifier la scrupuleuse fidélité de ce tableau.
Picard, selon le témoignage des voisins, aurait assisté au commencement du repas. En tout cas, il vint lui-même à l’Elysée veiller à ce que rien ne manquât au déjeuner des vainqueurs.
Aux Juifs allemands s’étaient mêlés pas mal de Juifs français , qui déjà s’occupaient du fameux emprunt, et cette Bourse, au milieu d’un camp, avait le plus étrange aspect; elle était comme l’épilogue lamentable et comique, comme le commentaire sinistre et grotesque de cette guerre juive .
Tout est vrai, encore une fois, dans le récit de M. René de Lagrange, notamment l’épisode de ce malheureux ouvrier qui, fou de douleur patrio-