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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LE JUIF DANS LHISTOIRE DE FRANCE

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fois, ils les font faire par des Sémites comme pour prouver que ceux-ci peuvent être utiles à l'occasion *-

Quelle est émouvante cette scène du 16 Mai sur la place Vendôme ! Cette émotion vague, qui agite une foule assemblée, fait attendre des évé­nements imprévus. On dit dans les groupes que les Invalides vont venir se ranger au pied de la Colonne pour la défendre ; ces quelques survivants des grandes batailles, quon voyait jadis arriver tous les 5 mai et tous les 15 août pour déposer des couronnes, ont revêtu leurs uniformes « par la victoire usés », ils accourent tous :

. Lanciers, grenadiers aux guêtres de coutil,

Dragons que Rome eût pris pour des légionnaires,

Cuirassiers, canonniers qui traînaient des tonnerres,

Portant le noir colback ou le casque poli,

Tous ceux de Friedland et ceux de Rivoli .

Rien ne se montre. Lheure a sonné. On attend le signal. Qui le donnera? Grâce à Dieu , ce nest pas un Français , cest un Juif; cest Simon Mayer.

Ecoutez Maxime du Camp 1 2 :

Tout à coup un homme parut sur le couronnement, agita un drapeau tricolore et le lança dans lespace, afin de bien indiquer que tout ce qui avait été la Révolution française , le premier Empire, la royauté de Louis- Philippe , le second Empire, disparaissait de lhistoire et allait faire place à lère nouvelle, symbolisée par la loque couleur de sang, que lon appelle le drapeau rouge.

Lhomme qui eut lhonneur de jeter au vent les couleurs de la France était digne de cette mission: il sappelait Simon Mayer. Le 18 mars, il sétait noblement conduit à Montmartre. Capitaine au 169 e bataillon que com­mandait Garcin, en remplacement du chef élu qui était Blanqui, alors in­carcéré ou en fuite, ce Simon Mayer avait héroïquement aidé à lassassinat du général Lecomte et de Clément Thomas. Cette belle action trouvait sa plus douce récompense à cette heure, sous le soleil, en présence des membres de la Commune attentifs et charmés. On entendit un son de clai­ron. Un silence énorme, comme dirait Gustave Flaubert , emplissait les rues. Chacun se taisait et tenait invinciblement les yeux attachés sur la colonne en avant de laquelle les câbles se raidissaient. Il était un peu plus de cinq heures du soir; de temps en temps, quelques coups de canon loin­tains semblaient une salve funèbre tirée du fond des horizons invisibles.

Un homme a vendu un Dieu qui venait porter au monde des paroles de miséricorde et damour : il sappelait Judas, et il était Juif.

1. Les officiers prussiens assistèrent à la chute de la colonne du balcon du ministère des finances. La Prusse garda pour trophée la statue de la Victoire qui était boulonnée dans la main de lEmpereur, et qui, malgré toutes les recherches, na jamais pu être retrouvée.

2. Convulsions de Paris , tome II, pages 287-288.