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LA FRANCE JUIVE
Les Celtes ont eu des héros, des prophètes, des poètes; on n’a jamais compté parmi eux un homme politique. De siècle en siècle sortent de cette race quelques personnages extraordinaires et presque légendaires. C’est un Celte que Duguesclin, qui réconcilie la France avec la Victoire; c’est une Celte que Jeanne d’Arc, qui sauva la Patrie; elle-même semble avoir eu quelque révélation de cette identité d’origine avec le vainqueur de Cocherel. Quand elle monte à cheval pour aller délivrer Orléans , c’est à Jeanne de Laval , la veuve de Duguesclin, que celle qu’inspiraient les Fées des fontaines envoie son anneau de jeune fille. C'est un Celte encore que Marceau, né à Chartres , en pleine terre druidique..., un Celte comme La Ilochejacquelein, qu’il rencontre au milieu de la mêlée, sur la place du Mans . Au moment où ils s’élancent l’un sur l’autre, le sabre haut, les soldats les séparent comme s’ils devinaient que c’étaient deux frères qui allaient combattre entre eux.
La promptitude à se dévouer, cette spontanéité, ce bel élan d’enthousiasme qui suscite tout à coup, du milieu de cette race, des êtres d’inspiration d’une grandeur presque surhumaine ; tous ces dons précieux sont annihilés par l’absence de tome faculté d’ordre, de mesure. Gomme organisation sociale, les Celtes livrés à eux-mêmes n’ont jamais pu dépasser le clan-
L’Irlande est morte des divisions de famille à famille. Pendant la guerre de Vendée , Charette, Stof/let, le prince de Tahnont passaient leur temps à se disputer et n’ont jamais pu combiner un mouvement général. Très capables d’accomplir quelque exploit exceptionnel, les Celtes sont hors d’état de poursuivre quelque dessein d’une façon suivie.
Mac-Mahon avait eu toutes les qualités de sa race sur le champ de bataille, il en eut tous les défauts au pouvoir. Il fut invraisemblablement grotesque comme Président, se laissa chasser d’une situation inexpugnable, ne parvint jamais à rien comprendre et finit par capituler honteusement devant quelques avocats qui tremblaient dans leur peau toutes les fois qu’il cherchait son mouchoir, en croyant qu’il allait saisir son épée. Il n’eut ni la souplesse, l’habileté politique d’un Grec comme Thiers, ni le sentiment du devoir, le respect de la parole, la ténacité à soutenir son droit qu’aurait eu un Germain. Thiers l’appelait « le soldat déloyal », et il justifia ce jugement en abandonnant tous ceux qui avaient cru à sa promesse formelle « d’aller jusqu’au bout ».
Avant lui, Trochu , un autre Celte , avait agi exactement de même, n’essayant même pas de défendre la souveraine à laquelle il avait adressé des déclarations emphatiques; accumulant pendant des mois entiers mensonges sur mensonges, comme un enfant qui est tout heureux de gagner