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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

Chez Trochu comme chez Mac-Mahon , les deux hommes qui, pour notre malheur, muèrent un rôle si considérable dans nos affaires, vous trouvez la même duplicité naïve. Quand le comte de Chambord descend à Versailles chez le comte de Vansay, le maréchal refuse de le recevoir; à lenvoyé du prince Impérial, au contraire, il répond quil est légitimiste ; il trahit tout le monde, il empêche tout par une sorte dambition person­nelle très confuse quil nose savouer à lui-même. I/ambition est toujours ainsi chez le Celte, elle ne se détache pas en pleine lumière, en plein relief comme les objets dans le Midi, elle est indécise et lunaire comme un paysage dOssian .

Les Juifs, près du maréchal, agirent par le baron Sina, et les Castries. Le baron Sina, richissime Juif de Vienne , qui avait embrassé la religion grecque, avait donné une de ses filles à un Castries, lautre au prince Ypsi- lanti, qui avait des droits assez sérieux à la couronne de Grèce . Le beau- père, quand il avait accepté ce gendre absolument ruiné dailleurs, se voyait déjà assis sur les marches du trône hellénique et faisant pour le pays un emprunt dont il réglerait lui-même le courtage. Soit que la perspective dêtre gouvernés indirectement par un Juif,fùt-il baptisé, ne leur dît rien, soit quils fussent contents du roi Georges, les Grecs ne montrèrent aucun enthousiasme pour les droits du prince Ypsilanti et le baron mourut sans avoir réalisé son rêve. Mais la famille hérita de lidée. Gambetta eut ladresse de persuader aux Sina quil ne demandait pas mieux que dappuyer la candidature du prince Ypsilanti au trône de Grèce et ceux-ci, de leur côté, firent tout ce quils purent pour empêcher Mac-Mahon , qui chaque année allait chasser chez eux, de s'opposer sérieusement à létablissement dune République juive en France .

Les innombrables négociations à propos de Dulcigno , les commerces bi­zarres avec les Kohkinos et les Tricoupis nont pas eu dautres raisons dêtre.

Le duc Decazes , associé à beaucoup daffaires financières, était, lui aussi, sous la domination des Juifs. La mère de la duchesse Decazes , M me de Lowenthal, mariée au fils dun banquier juif , avait été à Vienne lâme damnée du baron de Hirsch*. On avait même annoncé les fian­çailles de la fille du duc Decazes avec le jeune Lucien de Hirsch .

1. Voir la Société de Vienne, par le comte Paul Vasili.

On a souvent cité le mot attribué à Anne dAutriche : « Vous men direz tant! » A lheure présente, il nest pas dhomme politique, même avec des sentiments chrétiens très sincères, qui soit invulnérable à cette terrible force de largent. On se défend longtemps, mais on finit par céder devant certaines sommes si considérables que les consciences en sont comme ter­rassées. Les plus fermes hésitent un moment, puis regardent ceux qui sont autour deux, comprennent la signification 4e certains regards muets et capitulent.