LE JUIF DANS L'HISTOIRE DE FRANCE
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Le grand malheur de la France , alors, fut de ne pas trouver, pour se mettre à la tête de la politique, de vrais représentants du sol, de tomber dans les mains de cette noblesse particulière très modernisée, très avide d’argent, très mêlée aux spéculations de Bourse et par conséquent très enjuivée.
Le seul qui fût au-dessus de ces préoccupations et qui eût une valeur morale incontestable, le duc de Broglie, fut constamment trompé par Léon Say .
La France put, cependant, avoir un moment l’ombre d'une espérance; elle avait trouvé un auxiliaire inattendu dans un Prussien aussi admirablement organisé, peut-être, pour la politique que le prince de Bismarck, mais moins viril que lui, affaibli et usé jusque dans les moelles par la passion qu’il eut toujours pour l’essence féminine, le Weiblichës wesen dont parle Goëthe .
L’histoire, plus tard, dramatisera ce court combat entre le Chancelier de fer et le diplomate, comme elle a dramatisé la lutte de Cinq-Mars et de Richelieu ; elle rendra ses véritables proportions à cet épisode qui aurait pu avoir des conséquences considérables sur les destinées du monde et qui passa presque inaperçu, grâce à cette presse juive , tout entière cette fois encore du côté du prince de Bismarck, et qui ne laisse apparaître des événements contemporains que ce qu’il en faut pour tromper l’opinion.
Le comte Harfy d’Arnim n’était pas un simple favori comme Cinq- Mars , essayant de renverser,- pour plaire à une coterie, un ministre supérieur à lui; il était considéré par le prince de Bismarck , lui- même, comme le seul homme qui pût le remplacer. Au commencement de 1872, le chancelier avait même proposé à l’empereur de nommer l’ambassadeur de France son ad latus.
Le comte d’Arnim voulait davantage. Secondé par la majeure partie de l’aristocratie allemande, appuyé par l’impératrice Augusta; il rêvait de se substituer à Bismarck et de continuer son œuvre, mais en changeant complètement le plan d’opération.
Le prince de Bismarck, comme il l’a déclaré avec la brutale franchise qui lui est habituelle, encourageait la République juive en France pour que la France fût impuissante, méprisée, déshonorée en Europe , sans s’occuper des / dangers que présentait pour le monde le foyer d’infectioii qu’il laissait grandir.
Le comte d’Arnim, au contraire, voulait guérir la France pour que