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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

tranquillement possession du palais de Louis XIV ; elle était restaurée dac­clamation par les représentants du pays.

Le roi neût rencontré aucune difficulté. Sur un mot de lui, Mac-Mahon serait venu lui présenter ses hommages et prendre ses ordres. Ducrot était tout à lui ; Charette aurait marché à ses côtés. Si le duc de Broglie su­bissant, comme nous lavons dit, linfluence de Léon Say , qui déjà flattait Gambetta, lhomme des Juifs, navait pas aidé à la restauration autant quil leût, il navait guère gêné les royalistes dans leurs préparatifs; il naurait eu certes ni la volonté, ni le pouvoir de faire reconduire le Roi légitime à la frontière.

Ajoutons que trois mille zouaves pontificaux, parfaitement organisés et qui pouvaient se rendre à Versailles sans éveiller lattention, étaient tout disposés à venir faire au roi une escorte d'honneur. Un arsenal con­tenait à Rennes les armes de ces régiments.

Mais cela môme eût été inutile. Tout aurait été emporté dans un élan denthousiasme, dans un large et irrésistible courant. Lâme française, ne loublions pas, ne ressemblait pas alors à ce quelle est aujourdhui. 11 y a un monde entre la France dalors et la France actuelle, avilie par loppor­tunisme, morte à toute pensée grande, pourrie dans les moelles, préoccupée de sales trafics, de pornographie et de scandales. Les formidables événe­ments de la guerre et de la Commune avaient réveillé le patriotisme dans tous les cœurs, purifié les sentiments; on croyait encore au relèvement de la Patrie.

Le peuple de Paris , dégoûté des républicains qui avaient égorgé leurs anciens amis, acceptait très bien la restauration. Jai entendu vingt fois des ouvriers qui allaient à leur travail ou qui en revenaient, dire philoso­phiquement : « quils ramènent leur Chambord et quon nous flanque la paixl »

Le cœur défaillit au comte de Chambord à cette heure suprême ; au lieu dagir en roi et de mander le maréchal Mac-Mahon il lui demanda une entrevue.

De ce côté pouvait encore venir lacte décisif qui eût tout sauvé. Si le Maréchal avait été de la race de ces militaires francs, joviaux et ronds dautrefois, il aurait parfaitement compris que le comte de Chambord était de ces hommes quil faut jeter à l'eau pour les décidera nager. Il lui aurait donné rendez-vous, il laurait invité à déjeuner, il lui aurait fait boire un verre de champagne à la santé de la France , il aurait prévenu deux ou trois régiments de cavalerie dont tous les officiers étaient ardemment légi­timistes; puis, brusquement, il aurait montré le souverain aux troupes.