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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

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meté, des avertissements qui auraient pu conjurer les périls de la guerre. La paix signée, il fit les plus persévérants efforts pour décider les princes dOrléans à prêter au chef de leur maison un concours loyal et dévoué. La restauration de la Monarchie par lunion des Princes et de leurs par­tisans était à ses yeux la solution vraiment nationale, garantissant la France contre tous les périls de lavenir.

Il cherchait à amener à ses idées ses principaux compagnons darmes. A lun des plus considérables dentre eux, très attaché à Napoléon III et à son fils, il disait souvent :

« Tu ne m'abandonneras pas si je marche le premier. Je ne tabandonnerai pas non plus si les événements te font prendre avanl moi linitiative. »

Le comte de Chambord avait placé en lui la plus entière contlance. Le Maréchal le savait. Il se refusa obstinément en 1877 àlappeller au minis­tère de la Guerre. « Ducrot ministre de la Guerre, disait-il, cest le Koi à Paris dans quinze jours. » Lorsquau mois de décembre 1877, uno délé­gation île députés de la droite, au nombre desquels se trouvait M. Koller. vint ladjurer de prendre des résolutions énergiques, il les éconduisit. » Ce sont encore des Ducrot », dit-il après leur départ *.

Ces faits mont été confirmés par des confidents intimes, par des amis personnels du général, qui lont entendu répéter, à cette époque, quil accep­tait toutes les responsabilités; ils sont, dailleurs, de notoriété publique.

Vous avez cent fois raison, me dit un des hommes les plus active-

I M. de Lareinty parvint à relev. r un moment le moral du malheureux Maréchal. Un ministère de résistance fut formé avec le baron de Lareinty, ministre de lIntérieur, prési­dent, du Conseil, le général de Hocliebouet, ministre do la Guerre, le vice-amiral Gueydon, ministre de la marine. M. Pouynr-Quertier, quoiqu'on en ait dit, avait parfaitement accepté le ministère dns Finances, et le Sénat était décidé à une seconde dissolution. Tout fut perdu par lincroyable faiblesse du Maréchal. Depuis la publication de la France juine, j'ai eu sur ce qui sest passé à lElysée à ce moment les détails les plus circonstanciés et les plus inouis. et je raconterai quelque jour au long ce navrant épisode de notre histoire contemporaine.

Pour apprécier le rôle véritablement honteux du maréchal Mac-Mahon , sur lequel pèsera une si lourde responsabilité, si la France succombe sous le gouvernement qu'il a laissé s'éta­blir, il faut lire 1 & Journal de dix ans de M. Eugène Lnudun. 11 n'est pas de démarche qu'on nait tentée, pas doffre quon nait faite, pas d'argument quon nait employé pour exciter !t .Maréchal à agir. Tout fut inutile.

M. ltouher disait à ce sujet à M. Eugène Loudun :

« Le Maréchal est une nullité. Vous avez dit qu'il était déconsidéré, méprisé; je lui ai dit moi-môme, il y a quatre ans : Vous pouvez être Cromwell ou Monck ; si vous êtes Cromwell , montrez-le, nous verrons si nous devons vous suivre. 11 est plus facile et plus digne de vous d'être Monck ; mais, si vous n'êtes ni l'un ni lautre, vous serez méprisé par l'histoire. Aujourdhui, il na été ni l'un ni lautre, et il continue a se traîner sans autre idée que de rester il est. Parfois, il est fort ennuyé et même effrayé, et il pleure; il a pleuré encore en novembre, mais cela ne mène à rien. »