LA FRANCE JUIVE
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meté, des avertissements qui auraient pu conjurer les périls de la guerre. La paix signée, il fit les plus persévérants efforts pour décider les princes d’Orléans à prêter au chef de leur maison un concours loyal et dévoué. La restauration de la Monarchie par l’union des Princes et de leurs partisans était à ses yeux la solution vraiment nationale, garantissant la France contre tous les périls de l’avenir.
Il cherchait à amener à ses idées ses principaux compagnons d’armes. A l’un des plus considérables d’entre eux, très attaché à Napoléon III et à son fils, il disait souvent :
« Tu ne m'abandonneras pas si je marche le premier. Je ne t’abandonnerai pas non plus si les événements te font prendre avanl moi l’initiative. »
Le comte de Chambord avait placé en lui la plus entière contlance. Le Maréchal le savait. Il se refusa obstinément en 1877 àl’appeller au ministère de la Guerre. « Ducrot ministre de la Guerre, disait-il, c’est le Koi à Paris dans quinze jours. » Lorsqu’au mois de décembre 1877, uno délégation île députés de la droite, au nombre desquels se trouvait M. Koller. vint l’adjurer de prendre des résolutions énergiques, il les éconduisit. » Ce sont encore des Ducrot », dit-il après leur départ *.
Ces faits m’ont été confirmés par des confidents intimes, par des amis personnels du général, qui l’ont entendu répéter, à cette époque, qu’il acceptait toutes les responsabilités; ils sont, d’ailleurs, de notoriété publique.
— Vous avez cent fois raison, me dit un des hommes les plus active-
I M. de Lareinty parvint à relev. r un moment le moral du malheureux Maréchal. Un ministère de résistance fut formé avec le baron de Lareinty, ministre de l’Intérieur, président, du Conseil, le général de Hocliebouet, ministre do la Guerre, le vice-amiral Gueydon, ministre de la marine. M. Pouynr-Quertier, quoiqu'on en ait dit, avait parfaitement accepté le ministère dns Finances, et le Sénat était décidé à une seconde dissolution. Tout fut perdu par l’incroyable faiblesse du Maréchal. Depuis la publication de la France juine, j'ai eu sur ce qui s’est passé à l’Elysée à ce moment les détails les plus circonstanciés et les plus inouis. et je raconterai quelque jour au long ce navrant épisode de notre histoire contemporaine.
Pour apprécier le rôle véritablement honteux du maréchal Mac-Mahon , sur lequel pèsera une si lourde responsabilité, si la France succombe sous le gouvernement qu'il a laissé s'établir, il faut lire 1 & Journal de dix ans de M. Eugène Lnudun. 11 n'est pas de démarche qu'on n’ait tentée, pas d’offre qu’on n’ait faite, pas d'argument qu’on n’ait employé pour exciter !t‘ .Maréchal à agir. Tout fut inutile.
M. ltouher disait à ce sujet à M. Eugène Loudun :
« Le Maréchal est une nullité. Vous avez dit qu'il était déconsidéré, méprisé; je lui ai dit moi-môme, il y a quatre ans : — Vous pouvez être Cromwell ou Monck ; si vous êtes Cromwell , montrez-le, nous verrons si nous devons vous suivre. 11 est plus facile et plus digne de vous d'être Monck ; mais, si vous n'êtes ni l'un ni l’autre, vous serez méprisé par l'histoire. — Aujourd’hui, il n’a été ni l'un ni l’autre, et il continue a se traîner sans autre idée que de rester où il est. Parfois, il est fort ennuyé et même effrayé, et il pleure; il a pleuré encore en novembre, mais cela ne mène à rien. »