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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LE JUIF DANS L'HISTOIRE DE FRANCE

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lapproche de labattoir, la France refusa prudemment davancer et rien ne put ly contraindre.

En vain Gambetta poussa à la ridicule manifestation de Dulcigno , comme si la France , à laquelle on avait arraché Strasbourg , avait un intérêt, un motif quelconque denlever une ville à ces braves Monténégrins pour la donner aux Grecs. En vain il excita la Grèce à la guerre et lui donna un gage de notre intention de la soutenir en organisant la ridi­cule mission Thomassin. En vain il alla tenir des discours belliqueux à Cherbourg ; personne ne bougea.

Ni la France par des fanfaronnades ridicules, ni lAllemagne par des insolences ne firent le jeu de lhomme des Juifs.

Il convient de sarrêter ici sur lattitude prise par le prince de Bismarck vis-à-vis de la France . Nous pouvons dès à présent la juger telle que la jugera lavenir, dont le chancelier paraît sêtre surtout préoccupé.

Le chancelier de fer eut, en 1875, la pensée de se ruer sur nous. A son point de vue avait-il tort ? Il se produisait alors, nous lavons dit, une véri­table tentative de relèvement. La terrible leçon semblait avoir porté ses fruits. On apercevait chez les nouvelles générations, quelles fussent bona­partistes ou royalistes, de lardeur, de lélan, du dévouement. Ces jeunes officiers, qui avaient appris le chemin des sanctuaires, ces vieux aumôniers qui réunissaient autour deux des soldats, qui leur parlaient à la fois de leurs devoirs envers Dieu et envers la Patrie, ce retour vers les immor­tels souvenirs de la France chrétienne, tout cela inquiétait à bon droit létranger, et semblait annoncer que la grande nation allait redevenir elle-même.

Dès que rien ne fut plus à craindre et que le triomphe de Gambetta et des Juifs eut jeté la France en pleine décomposition sociale et militaire, le prince de Bismarck cessa de nous menacer et ne paraît pas même avoir voulu profiter de trop faciles avantages.

Que se passa-t-il dans cette âme ? Le prince de Bismarck semble avoir agi comme ces politiques supérieurs, qui soccupent non du résultat immé­diat, mais de la figure quils feront devant la Postérité et du rôle quils auront dans les annales de lHumanité.

Avec ce don quont les grands hommes de vivre déjà dans les- siècles futurs, le chancelier se représenta, sans doute, si la France sécroulait comme nation, les sentiments qui animeraient ceux qui seraient appelés à juger le plus grand procès de lhistoire; il devina que toute une littérature se ferait sur ce thème : la France naïve, chevaleresque, généreuse, écrasée par un diplomate allemand astucieux et retors.