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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANGE JUIVE

gorge desséchée, crie sans cesse : à boire ! Celui- na plus soif, il boit en imagination leau limpide du ruisseau natal ; pour la savourer à plus longs traits, il se penche à travers les ajoncs et les herbes; par une de ces associations didées qui sétablissent même dans les cervelles en désar­roi, il se revoit remontant la colline pour rentrer au village, il sassied près de la vieille mère, il mange des crêpes de blé noir et des châtaignes,

il ouvre la bouche pour sourire à la payse.et sans souffrance il vient

dexhaler le dernier soupir. Regardez. la tête exprime la sérénité... le

pauvre piou piou semble dormir et, dans sa main raidie, tient encore la petite médaille de la Vierge que le Frère, qui lui a appris lABC, lui a remise en partant. Le coquin galonné qui, pour plaire à la gauche, a sup­primé nos aumôniers militaires, naura pas réussi complètement. Encore un Français qui vient de mourir en chrétien !

Mais, nest-ce pas que cette atmosphère putride commence à vous pe­ser? Allez voir Mantegnis qui est à Gamondo, Beauregard qui est à Hirsch. Les ondes jaillissantes qui, semblables à celles de Vaux, « ne se taisent ni de jour ni de nuit, » les frais taillis, les ombrages épais, les merveilles de l'art de tous les siècles embellissent lexistence. La vie est belle, en effet; les actions achetées 125 francs en valent 500, depuis le traité du Bardo, et la France se charge de la dette !

Le joli mot fut prononcé par Gambetta! « Après tout, dit-il à la tribune du Sénat , avec un geste dindéfinissable dédain, combien est-il mort dhom­mes ? 1500 Français tout au plus.»

Cette fois cependant il manqua d'estomac. Sil eût accusé le vrai chiffre, les Juifs lauraient porté en triomphe 1 .

Lépilogue ma été conté par un de mes amis qui se trouvait, le 19 no­vembre 1882, sur la route qui conduit de la gare de Gretz au château de Saint-Ouen-Mantegnis, propriété du levantin Gamondo. « Sur lomnibus superbement attelé, qui transportait les invités de la gare au château, ra­conte le Figaro du 22 novembre, étaient installés : MM. Gambetta, accom­pagné de M. Arnaud de lAriège , Léon Renault, Antonin Proust , Dugué de la Fauconnerie, Pignatel, Alfassa. »

1. Un journal de province ordinairement bien informé, l 'Appel au Peuple du Gers , donne un chiffre de dix-huit mille victimes :

« Voulez-vous savoir, pères de famille, combien de vos enfants ont été tués, blessés, réformés ou sont morts de maladie depuis quinze mois pour le seul profit des « Jeckers » de .a Tunisie et de lopportunisme?

Dix huit mille sur cinquante mille.

Tel est le chiffre officiel que nous donnait hier même un médecin militaire qui a fait toute la campagne et que nous mettons le gouvernement de la R. F. au défi de contredire. »