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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LE JUIF DANS L'HISTOIRE DE FRANCE

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Juifs, vous allez faire tuer des millliers dêtres qui ont des mères, des femmes, des enfants. Vous savez que rien nest prêt, que les concussion­naires et les malversateurs de la Chambre ont gaspillé les milliards que nous avions fournis pour la réorganisation de larmée. Laisant, un homme de votre parti, vous a prouvé que leffectif de nos régiments était ridicule; vous avez vu Farre à lœuvre, même dans une affaire toute la Juiverie était intéressée; restez tranquille et nassociez pas votre nom à la ruine de votre pays. »

Malheureusement, Déroulède navait probablement jamais trouvé per­sonne pour lui parler ainsi, lorsquil entreprit sa campagne de la rue Saint-Marc.

Cette équipée, qui ne fut que ridicule, aurait pu être dangereuse si lAllemagne , pour des raisons que nous avons déduites, navait pas été résolue à la paix ; si Paris , devinant dinstinct, sans savoir au juste la vérité, les spéculations cachées-dessous, ne fût resté profondément indifférent *.

Il y eut un capitaine de Landwehr dont le flegme philosophique fut admirable. Figurez-vous un officier de Napoléon I ", après 1806, quon serait venu troubler dans son café. Vous entendez dici les jurons et les défis. Ce brave homme de capitaine, qui est probablement un homme aussi brave que M. Déroulède , sen alla paisiblement prendre sa choppe ailleurs.

LAllemagne neut point seulement du bon sens, elle eut de lesprit, ce qui est assez rare chez elle. Maîtresse des municipalités pleines de Juifs doutre-Rhin qui, ainsi que nous lavons dit, se donnent pour Alsaciens , elle fit organiser, quelques jours après la démonstration Déroulède , un grand banquet pour célébrer lanniversaire de Sedan .

Vous voyez dici le contraste. En septembre 1870, les cadavres français jonchaient le champ de bataille; les captifs sacheminaient mornes et sombres vers ces îles de la Meuse ils restèrent deux jours sans nourri­ture ; au milieu des acclamations et des vivats, le régiment de la garde à cheval défilait en élevant nos drapeaux dans lair... Douze ans après, à la même heure, les républicains sablaient le champagne dans le palais de la Bourse pour célébrer cet heureux jour.

Sur la place, le capitaine de Landwehr, que Déroulède avait empêché de prendre son bock, sans aucune raison plausible, riait dans sa barbe

1. Nous avons vu à la fête du 14 juillet 1884, se reproduire les mêmes grossièretés niaises suivies des mêmes reculades. Le drapeau allemand fut jeté dans le ruisseau par un commissaire de police éperdu de peur ; un jeune Allemand , M. Wurster, faillit être massacré Par la foule avinée.