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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LE JUIF DANS LHISTOIRE DE FRANCE

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Dès que vous vous donnez la peine de réfléchir, vous êtes bien vite convaincu quil nexiste aucune analogie entre les deux cas.

Les Espagnols ont cherché de lor, ils en ont trouvé, ils en ont rapporté, et les galions des Indes ont permis aux rois dEspagne de soutenir une lutte de cinquante ans contre le monde. Si vous aviez des doutes à ce sujet, vous nauriez quà vous adresser à M. Duclerc, lancien ministre des Affaires étrangères. Sous prétexte quun galion sétait échoué jadis dans la baie de Yigo, il a trouvé moyen de soutirer quinze millions à des action­naires qui nont jamais revu ni largent de Philippe II, ni le leur.

Les circonstances, cette fois, sont toutes différentes. Il ny a pas de mines au Tonkin, et lon ne fait la guerre que pour lancer une société en commandite qui ressemblera à toutes les entreprises précédentes et ruinera tous ceux qui confieront leurs capitaux aux fondateurs.

M. Raoul Duval, en causant, au mois doctobre 1884, avec un journaliste qui était venu le questionner, a eu le courage de dire la vérité sur ce point; il a montré nettement le fond de la question :

On a nommé à grand bruit une commission dingénieurs pour régler le système des concessions. Le plus clair produit de celles-ci, vous pouvez en être bien sür, sera de faire passer dans la poche des concessionnaires largem que de naïfs actionnaires ne manqueront pas de leur donner. Comme valeurs de rapport, il ny a pas de mines dans le delta du fleuve Rouge, dans lequel nous tenons les points occupés par nos troupes sans quil soit possible de sortir de leurs lignes à moins de risquer sa tête 1 . Pour trouver des mines, il faut pénétrer dans la partie montagneuse et très peu accessible qui confine aux provinces chinoises.

Quant à lor, il nexiste en quantité assez appréciable que sur les cartes chimériques de M. Dupuis; et, quant aux autres métaux, il faut avoir bien peu de connaissance de létat actuel du marché des métaux pour sima­giner que les mines au Tonkin, si riches quon puisse supposer leurs filons, soient exploitables utilement. Jamais le fer et le cuivre nont été à si bas prix. Le plomb est plus déprécié encore; si bien que les mines dAngleterre, dEspagne et dAmérique, situées au centre même des marchés de consommation, font aujourdhui de mauvaises affaires. Il est vraiment désolant de penser que cest pour une pareille chimère quon épuise les forces de la France et son crédit.

1. Voici en quels termes un des journaux de Ferry, lindépendant , de Bar-le-Duc, parle de ces mines :

« Lor est tellement abondant que, dans certaines régions, on élève les canards unique­ment pour ramasser dans leurs excréments, devenus un précieux guano, for quils ont avalé en barbotant dans les ruisseaux. »

Cela ne fait-il pas songer à la conversation du Gascon et du Marseillais?

Jai laissé tomber une allumette dans mon champ; lannée suivante, jy ai trouvé une forêt

! Begasse! la belle affaire, répond lenfant de la Cannebière; à Marseille, vous perdez un bouton de culotte ; huit jours après, vous retrouvez un pantalon tout fait.