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LA FRANCE JUIVE
commencement de toute hostilité, plus que le traité de Tien-Tsin ne nous donnait après tant d’hommes sacrifiés, et on charge un officier de marine de négocier sur les hases qu’on a refusé d’accepter. Le Times publie ce traité singulier, et l’on s’aperçoit qu’il contient précisément tout le contraire de ce que M. Jules Ferry prétendait y trouver, L’inepte Millot fait égorger nos soldats à Hac-Lé, faute d’avoir pris les plus élémentaires précautions. Jules Ferry s’écrie solennellement : « Ces choses-là se payent 1 » et, après avoir réclamé deux cents millions, il fait conclure par un Anglais un traité où il n’est pas question de la moindre indemnité et par lequel nous abandonnons les îles Pescadores, le seul point qui nous fût utile dans ces parages, le seul où nous gênions les Anglais. Pendant ce temps, les Français meurent par milliers sous les balles, du typhus, du choléra, du climat; les hôpitaux sont pleins de malades et vides do médicaments. Enfin, pour couronner l’édifice, notre fuite éperdue devant des Chinois, à Lang-Son, achève d'enlever à l’armée française le peu de prestige qui lui restait
L’esprit reste confondu quand on songe que toutes ces extravagances sont de l'histoire, que des hommes sont réellement morts par la volonté de pareils fantoches, qu’une Assemblée a approuvé tout cela. Ilien peut- être ne donne mieux l’idée de l’endurance de la pauvre humanité, de la façon dont elle subit tout. Les misérables, qui ont ôté la vie à tant d’êtres humains, jouissent tranquillement de leurs militons. A peine remis d’une première terreur qui, il est vrai, avait été forte, Jules Ferry, au moment où l’on discutait l’alMre de Lang-8on, riait aux éclats à son banc avec liaynal qui, paraît-il, l’amusait beaucoup en lui racontant les mutilations
f. Nous n'avons |ias à insister sur ce navrant épisode.
Le malheureux colonel Herbinger, que la mort a délivré d’une vie abreuvée d'amertumes depuis ces funestes événements, semble n’avoir point mérité les outrages qu’on lui a prodigués. C’est le parti Ferryste qui, selon toute vraisemblance, voulut faire retomber sur ce brave officier la faute de cette campagne néfaste.
On consultera avec intérêt sur ce sujet une brochure du général Pean : A la recherche de la vérité, sur l’évacuation de Lang-Son. Peut-être le général, bon comme tous les vaillants, a-t-il un peu atténué la part de responsabilité du colonel Herbiiiger dans cette retraite qui parait avoir été indispensable, mais qui, à ce qu’il semble, aurait pu être moins précipitée.
Ce qu’il y a de curieux, c’est que les opportunistes, si durs pour Herbinger aux prises avec une situation terrible, avaient jadis exagéré son mérite au delà de toute raison, fidèles en ceci à leur système de tromper l’opinion, de créer de fausses réputations à ceux qui sont affiliés au parti. Dans un article du 31 mai 1885, la République française disait : « La France aurait à confier le plus difficile des commandements qu’elle ne pourrait faire de meilleur choix qu’en le remettant aux mains du lieutenant-colonel Herbinger.» Elle ajoutait : « Ceux qui l’on vu à l’œuvre savent qu’il y a en lui l'étoffe d’un Kléber. » Voyez-vous la France ayant confiance dans le journal de Spuller, et demandant, dans une guerre contre l'Allemagne, qu'on confie le plus difficile des commandements à Herbinger ?