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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

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M. Serre {Les Arabes martyrs , études sur linsurrection de 1871 en Algérie ).

Sans la naturalisation des Juifs par le décret Grémieux, et sans les évé­nements de la Commune, la révolte neût point acquis le caractère effroya­ble et universel quelle a montré.

LAkhabar disait de son côté, à la date du 25 novembre 1872 :

La naturalisation des Juifs a été une des causes principales de linsur­rection; elle a jeté linsulte à la face du peuple musulman en proclamant, la suprématie du Juif indigène sur lArabe et sur le Kabyle.

Linsurrection éclata quand les populations musulmanes virent, à la fin de janvier 1871, les Israélites faire les fonctions de jurés. « Alors seule­ment, dit lexposé des motifs du projet dabrogation, ces populations, qui navaient pas été frappées de la déclaration du 24 octobre, ont compris quelles pouvaient devenir justiciables des Israélites indigènes. Et si cette interprétation des faits était contestée on rappellerait que le Kalifa de la Medjana, Si Mokrani , en renvoyant la croix dofficier de la Légion dhonneur, a fait savoir quil aimerait mieux mourir les armes à la main que de tolérer laffront fait à sa race, en plaçant les Israélites au-dessus delle. Lattribu­tion du droit de siéger, faite à ces derniers, est donc à la fois prématurée et dangereuse; elle a été, au moins, une des causes de linsurrection. »

En face du Juif oblique comme Grémieux, qui trahit le pays qui sest confié à lui, il faut placer la noble et loyale figure de notre vaillant ennemi Sidi Mohamed Ben Ahmed el Mokrani.

Mokrani est la plus complète personnification de ces grands seigneurs arabes, tels que Fromentin sest plu à nous les montrer sous les ciels aux tons fins quil peint si bien, à nous les raconter dans ses livres pleins de couleur. Passionnés pour les belles armes et les beaux chevaux, superbes sur leurs étriers dans les brillantes fantasias, graves et dignes au seuil de leurs tentes, en souhaitant la bienvenue à leurs hôtes, fastueux quand ils traitaient nos officiers, ces chefs, après de longues résistances, avaient été fascinés et séduits par la bravoure de nos soldats; ils étaient fiers de porter sur leurs burnous la Légion dhonneur , cette fleur aujourdhui flétrie, cet emblème désormais prostitué qui, jadis, signifiait courage, talent ou vertu. Ennemi terrible, ami sincère, Mokrani était digne de vivre au temps de Yousouf-ben-Ayoub-Salah-Eddyn et de combattre avec des chevaliers croi-