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LA FRANCE JUIVE
ciers français que la fatalité des temps où nous sommes avait réduits à la triste nécessité de mettre leur épée au service de ceux qui vivaient d’usure et de vol, beaucoup pleurèrent et peut-être envièrent le sort du Cheik sans faiblesse et sans peur.
Détail amusant, en effet, et qui est bien juif , ce furent nos pauvres soldats, nos fils de mères chrétiennes qui furent obligés de se faire tuer pour assurer les droits de citoyens aux usuriers d’Algérie , qui ne daignaient même pas défendre les privilèges qu'on leur avait accordés.
Sauf des exceptions fort rares, dit M. du Bouzet, l’Israélite indigène ne peut devenir soldat : la guerre n’est point dans ses mœurs. Il lui faut trois mois pour apprendre à tirer un coup de fusil sans tomber à la renverse. Combien plus pour entendre siffler les balles sans prendre la fuite ! Or, vous n’ignorez pas, messieurs, qu’en cas d’insurrection arabe, tous les Français d’Afrique doivent prêter un concours actif à nos soldats. Fera-t-on une exception en faveur des Israélites devenus citoyens ? Ce privilège serait injuste. 'Marcheront-ils avec les vrais Français ? Leur esprit si peu militaire serait d’un dangereux exemple. Enfin, qu’ils se battent ou qu’ils s'enfuient, leur présence dans nos rangs suffira pour ébranler la fidélité de nos auxiliaires musulmans et pour exaspérer l’ennemi.
L’Exposé des motifs ne permet pas de doutes sur ce point :
Lors de l’insurrection arabe, les Israélites ne se sont prêtés qu’avec une extrême répugnance au service militaire. Tout le monde sait qu’en Algérie , à part des exceptions très peu nombreuses, le tempérament et les mœurs des Israélites se refusent absolument à l’incorporation utile dans les rangs de notre armée. Ceux qui ont marché, en petit nombre, n’ont pu s’accommoder de l’ordinaire du soldat en campagne, par le motif que leur loi religieuse s’y opposait. Il a fallu les renvoyer d’autant plus vite que les tirailleurs musulmans et les hommes des goums ne pouvaient accepter l’idée de faire le coup de feu contre leurs coreligionnaires arabes en voyant des Juifs dans nos rangs. Ainsi, pour des raisons qui leur sont propres ou qui tiennent à leurs rapports avec d’autres races, les Israélites sont incapables du service militaire.
Les Juifs avaient eu peur; ils furent sans pitié. Des Arabes, qui s’étaient rendus sur la parole formelle, sur la parole écrite de nos officiers, qui avaient des engagements signés par les généraux Lallemand, Bonva- let, Augeraud, furent exécutés sans que nos officiers osassent protester contre ces infamies qui les avilissaient eux-mêmes, qui détruisaient à tout jamais le beau renom de loyauté de notre armée.
A Rebval, un malheureux Arabe avait conservé sur lui la lettre d’aman signée par nos généraux, et, naïvement obstiné dans cette croyance qu’un soldat français ne manquait jamais à ses engagements, il la tendit à l’offl-