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LA FRANCE JUIVE
Encore une fois la lecture du Bulletin de l’Alliance Israélite , dont beaucoup de nos grands politiciens ignorent même l’existence, est infiniment précieuse. Le côté louchant n’y manque pas. Je suis de ceux qui respectent toutes les croyances et qui regardent la foi, où qu’elle habite, comme le plus inestimable des trésors; je trouve intéressantes, par la pensée qui les a inspirées, ces souscriptions, petites ou grandes : inscriptions de rentes, obligations, actions libérées, ou sommes imperceptibles. Les uns donnent « en mémoire d’un père, d’une mère, d’un fils » ; d’autres « à l’occasion de la Barmitzwali de leurs enfants; un M. Geret envoie cinq francs « à l’occasion de sa nomination d'officier de l’instruction publique. »
Les sacrifices que s’imposent les riches Juifs, pour les écoles d’Orient particulièrement, sont parfois magnifiques. Sans doute, c'est l’argent qu’ils nous ont pris qui passe là; mais, encore une fois, il ne faut pas juger leurs actions d’après nos idées qui ne sont point les leurs. Pour eux, ruiner le yoy, je ne puis que le répéter, est une action méritoire. Pareils aux chevaliers chrétiens qui enrichissaient les églises des dépouilles des Sarrasins, ils prélèvent, sur ce qu’ils ont conquis, des ollrandes qui rappellent l’Omez d’épis remis jadis au Gohène après la moisson, et les pains de Proposition déposés dans le Saint, sur la table en bois d’acacia 1 .
Sur le bénéfice des Bons turcs, Maurice de Hirsch a offert un million pour la jeunesse israélite d’Orient. Sur les gains du Honduras , les Bis- chofi'sheim ont fondé une école pour les jeunes filles, qui est en même temps une école normale et une école professionnelle, et qui porte le nom A!Institution Bischoffsheim.
Les élèves de l’institution, reçues par voie de concours, sont âgées de douze à quinze ans. Elles sont nourries, logées, habillées, instruites gratuitement. Les différentes professions enseignées sont celles de lingères, de fleuristes, de couturières, de commerçantes et d’institutrices. Le séjour à l’école est de trois ans; le nombre des pensionnaires est de cinquante.
L’établissement, ouvert en 1872, a formé déjà deux cent trente-six élèves. Celles qui ont terminé leurs études et leur apprentissage en même temps sont placées, par les soins des darnes patronnesses qui sont chargées de les surveiller, dans les grands ateliers et magasins de Paris . Celles qui