PARIS JUIF ET LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE si»
noblesse de l’almanach de Golgotha, cette invraisemblable éclosion de financiers se déclarant comtes et barons, non pas à la suite de services rendus au pays, mais à la suite de tripotages de Bourse, n’excite déjà plus la gaieté des premiers temps; on sourit, sans doute, quand on entend prononcer le nom du comte de Camondo ou du baron de Hirsch, mais on s’v accoutume presque.
L’aristocratie, loin de trouver la France nouvelle hostile ou simplement indifférente comme l’Amérique , correspondait tellement aux mœurs et aux habitudes du pays, faisait si bien corps avec lui, qu’elle n’aurait eu qu’à le vouloir pour être une puissance, sinon un pouvoir, une influence considérable, sinon une autorité reconnue. Là encore, elle a été au-dessous de sa tâche ; elle s’est montrée inhabile à tout.
A la première Révolution, quarante mille gentilshommes, habitués dès l'enfance au maniement des armes, disposant de toutes les situations considérables, tous braves personnellement, ont commencé par préparer le mouvement qui devait les emporter, en embrassant avec chaleur les idées nouvelles ; puis, au lieu de se concerter, ils ont fui devant une poignée de scélérats. Excepté le prince de Talmont , il n’y eut pas un seul véritable grand seigneur en Vendée ; jamais un prince du sang n'y parut et l’injure jetée à la face du comte d’Artois, par Charette, prêt à mourir, est restée dans toutes les mémoires Aussi riches et presque aussi puissants aujourd’hui qu’au moment de la Révolution, les descendants de ces hommes frivoles laissent périr la France avec la même insouciance et ne font rien pour lutter.
A quoi tient cette radicale impossibilité de l’aristocratie française d’être utile à quelque chose? Beaucoup de ceux qui la composent sont, par la générosité du cœur, par l’élévation des sentiments, restés l’élite de la société. On rencontre çà et là, dans la noblesse et dans la haute bourgeoisie, de magnifiques dévouements ; il existe là des saints et des saintes inconnus, des femmes jeunes, admirablement belles, soignant des malades, des œuvres soutenues avec une charité sans égale. Tout cela sans bruit, avec la crainte même de la publicité. C’est dans ces classes que se recrutent ces créatures célestes qui intercèdent Dieu pour nous. Si Paris a ses dessous que le regard ose à peine sonder, il a aussi ses dessus que bien peu connaissent, ces dessus où vivent de nobles âmes que le ciel voit plus que nous ne les voyons, car elles sont plus près de lui que de la terre où nous rampons.
L Sur lr triste rôle joué constamment par le comte d'Artois, consulter l’ouvrage de M. Forneron ; ïfisfoirp g^^rafp (Ips émigré.* pendant ta ïtévohttion fravpnisp.