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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

ils ont subi humblement toutes les injures quon leur a prodiguées. Aucun pour ïauver son pays de la honte, na eu la résolution denlever son régi­ment, sa brigade, sa division, non par respect pour lautorité, croyez-le bien, mais parce que, pour agir de soi-même, il faut commencer par réflé­chir, et quun tel travail est au-dessus de leurs forces.

Le sentiment dominant dans l'aristocratie française et dans la haute bourgeoisie, qui marche dans son sillage, cest lamour du plaisir. Je ne parle pas, remarquez-le bien, de la débauche. La débauche est un violent stimulant qui, chez certaines natures, nexclut pas lénergie. Le lord dAn­gleterre dévoré par le spleen sefforce parfois de noyer, sous des Ilots dale et de scherry, l'Hamlet morose et maladif qui existe dans tout Anglais ; il est Falstall avant dêtre Nelson, Chatam ou Byron. Dans les universités dOutre-Ilhin, lAllemand prélude, par des lippées dignes des buveurs très illustres de Rabelais, à sa destinée de soldat ou dhomme politique ; il est Gargantua avant dêtre Bismarck. Le Français na point ces goûts que trahirait la faiblesse de son estomac ; on ne cite même plus de grands viveurs comme on en comptait par centaines, il y a cinquante ans. Gc qui subsiste, cest, encore une fois, lamour du plaisir, ledésir de «'«muser.

La duchesse de Persigny était née dans un chapeau de pierrot. Sa mère était accouchée au moment oii le général delà Moskowa allait partir pour le bal de l'Opéra, et le père, à la hâte, avait recueilli la petite dans son grand chapeau aux rubans multicolores. 11 semble que laristocratie française actuelle ait eu un semblable berceau : en dépit des avertissements sinis­tres, qui ne lui manquent pas, elle éprouve comme des fourmillements dans les jambes quami elle est quelque temps sans danser.

Cette passion impérieuse livre, on le comprend, tous les grands sei­gneurs, pieds et poings liés, aux Juifs.

La chasse est au premier rang des divertissements de bonne com­pagnie.

La chasse, que laristocratie aimait parce quelle était limage de la guerre, fut un malheur et devint presque un vice pour elle. Parmi tous les prétendus abus reprochés à lancien régime par des rhéteurs, qui ont fait cent fois pis dès quils ont été au pouvoir, bien peu restent debout, depuis que la critique sérieuse a étudié ces questions ; labus du droit de chasse, les mesures impitoyables prises pour protéger ce droit, nont point été jus­tifiées. En certaines contrées, le paysan navait pas la permission de péné-