La France juive
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plaisir royal. Quant à faire semblant, comme chez les Rothschild , àassassi- ner des poules faisanes, amenées à l’abattoir par des valets galonnés, c’est bas. »
A ces parodies de la vie d'autrefois, il faut ajouter la chasse à courre avec un cerf en boite. On entretient un malheureux cerf dans un parc, puis on le met dans une boîte, on le transporte dans un lieu déterminé, on le poursuit avec fureur ; au moment où il est près d’expirer, on s'arrête, non par humanité, niais par avarice, on ranime l'animal en lui faisant boire de l’eau-de-vie, et on le réintègre dans sa boite. N’est-ce pas tout un monde, celte chasse économique avec des habits rouges et des boutons de vénerie ?
Eu toutes ces charges qui rappellent l’ancienne vénerie, comme Croque fer rappelait les Chansons de gestes, figurent des noms de gentilshommes authentiques, qui font un singulier effet. Comme ils doivent s'étonner d étre là ! Avez-vous jamais vu, en allant au Bois dans l’après-midi, l'homme qui sert d’écuyer cavalcadour à la baronne de Rothschild ? C’est un vrai duc de la Trémoille. Lui-mème, plus instruit que la plupart des membres de l'aristocratie, a classé, sans l’aide d’aucun paléographe, les papiers de sa famille et, sous ce titre, le Chartrier de la Trémoille, il a publié un magnifique volume qu’il n’a pas mis dans le commerce et qu'il a généreusement distribué aux bibliothèques et aux sociétés savantes.
Les quelques lignes que le duc de la Trémoille a placées en tète de ce volume, qui est, avant tout, un livre familial, précisent bien l'intention de l’auteur et frappent par une belle allure de simplicité.
A Louis-Charles-Marie de la Trémoille,
Désirant, mon cher Louis, te voir partager l’intérêt, je dirai l'affection que je porte à mes vieux parchemins et papiers, je vais essayer de te les faire connaître. Mon travail aura, en outre, pour but de t'apprendre sommairement l’histoire de ta famille.
J'ai réuni à cet effet, depuis Cuy VI de la Trémoille, une série de lettres et de pièces qui se suivent sans interruption de père en fils jusqu’à moi.
Les charlriers que nous avions en divers châteaux ont été détruits ; celui de Thouars seul a été sauvé. Ce ne sont pas cependant les dangers qui lui ont manqué ; il a couru plusieurs fois risque detre brûlé pendant les guerres de Vendée . La porte de fer qui le fermait est criblée de balles, dont plusieurs ont fait leur trou ; mais heureusement le feu n’a pas pris et la porte a tenu bon. A peine échappés aux dangers de la guerre, les vieux titres ont été mis au pillage par les bonnes femmes de Thouars, qui venaient chercher les plus belles feuilles de vélin pour couvrir leurs pots de confitures.
L'humidité, les rats et, enfin, bon nombre de soustractions faites par les chercheurs d'autographes ont notablement diminué notre dépôt d ar-