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LA FRANCE JUIVE
main ne se ressemblent nullement ; il sait la force de cette tradition qui s’incarnera peut-être dans un homme de vrai tempérament français , qui sauvera la Patrie, parce qu’il ne daignera même pas prendre la peine de discuter toutes les turlutaines déclamatoires mises en circulation par la presse franc-maçonne et juive .
Duxestle plus affreux cocher qui ait jamais promené à travers les rues de Paris , sous la neige et sous la pluie, une santé de fer, une soif inextinguible, et une insolence qui n’a point de pareille ; il a l’horreur du bourgeois, il le devine d’instinct, il le couvre de ses épithètes injurieuses, il le déshonore par la familiarité de son tutoiement. Arrogant, solitaire, il va ainsi par la ville, et l’observateur, dans cet automédon, moins poli que ses chevaux, reconnaît un descendant des seigneurs à bec d’aigle de jadis, le type dégénéré du féodal.
Si on lui eût donné le choix, qui sait si Dux n’aurait pas aimé mieux vivre libre parmi les cochers que de meubler les salons île Rothschild ?
Pour une partie de la noblesse, la maison de Rothschild joue le rôle que jouait autrefois la maison de France. C’est une bizarre et curieuse destinée que celle de cette famille à laquelle nous consacrerons plus tard une étude spéciale, et qui est si intimement liée à l’histoire de ce siècle. Nous ne voulons en prendre aujourd’hui que le côté qui touche à la vio mondaine. Là encore les Rothschild ont eu à lutter longtemps. Il y a quarante ans, l’aristocratie bondissait d’indignation à la seule pensée de voir les Juifs se mêler à elle.
Nous avons rappelé le f. donc! éloquent et laconique de la duchesse d’Angoulême ; il fallut mettre toute la diplomatie européenne en mouvement pour obtenir que les Rothschild fussent admis, non au cercle de la Cour, — tous les chambellans auraient rendu leurs clefs à une telle proposition, — mais fussent autorisés à se présenter aux Tuileries les jours de grandes cohues officielles. Trois fois l’huissier, suffoqué d’une telle audace, les mit à la porte, trois fois ils se représentèrent avec un sourire engageant.
Les auteurs d’un spirituel opuscule, paru en 1826 : Biographie des dames de la Cour et du faubourg Saint-Germain, ont raconté tout au long cet épisode de l’histoire intime de la Restauration. Leur portrait de la baronne Esther-Rebecca de Rothschild figurerait, sans désavantage, à côté de certains croquis de Tallemant des Réaux :
L’un des modernes flambeaux de l’antique Sion , femme, fille et sœur
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