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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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PAlliS JUIF ET LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE

Rien nest pins curieux que cette figure d'Humbert. Il apparaît comme une manière de Père Goriot ou de Monsieur Cardinal; mais sa Delphine de Nucingen, sa Pauline, cest son fils; cest à lui quil sacrifie tout.

Dès que la famille est mêlée aux affaires des Juifs, elle entre en plein roman, on commence à parler dune succession en Espagne , qui atteint un chiffre fabuleux. Petit professeur de droit romain, à Toulouse , le père, à la connaissance de tous, ne possède aucune fortune; tout à coup ces gens- remuent lor comme dans un livre de Balzac. Un titre de quatre cent mille francs de rente est consigné au nom de M me Humbert jeune, qui ne sera mise en possession de sa fortune personnelle quà la mort dune marraine qui se trouve dans une maison de santé. Outre dimmenses propriétés dans lAude , le fils Humbert achète en Seine-et-Marne une propriété royale, les Vives-Eaux . Pour achever de payer cette terre, il emprunte 750,000 francs à un notaire de lAude et 125,000 francs à Melun . Les 750,000 francs ne sont pas restitués à temps. Un procès, dont la presse rend compte, sengage et lon met aux enchères les Vives-Eaux , leur splendide mobilier, la cave (lui contient des vins de grands crus, Moét , Gliquot, Château-Yquem, Ghambertin, Saint-Emilion, les écuries avec douze chevaux de luxe, attelage à la Daumont, ducs, breacks, coupés, landaus, calèches. Au mois daodt 18S't, au moment ou M. Eugène Delize, huissier à Melun , va procéder à la vente, une dépêche de lAude arrive qui ordonne de surseoir.

Nest-ce point un beau rêve pour cette famille de professeur qui rfa eu longtemps pour vivre que les maigres appointements du père ?

Ce qui confond limagination dans laffaire de lUnion, cest lattitude des victimes elles mêmes.

On venait denlever à la noblesse française ce qui, pour elle, était jadis plus précieux que largent, plus précieux que la vie : lhonneur. Ce cher hésor, amassé pendant tant de générations, était jeté au ruisseau. Les plus beaux noms, les Broglie, les dHarcourt, les Biencourt étaient couverts de boue, assimilés à ceux des aigrefins véreux qui défrayent la chronique des tribunaux.

Ce quon appelle le monde manifesta lintention de ne plus revoir au Moins ces étrangers qui, pour augmenter leur monstrueuse fortune* n avaient pas hésité à déshonorer la vieille France . Pendant huit jours on tint parole. Les baronnes, épouvantées dêtre mises ainsi en quarantaine, chassées de ce paradis elles étalaient leur luxe insolent, se lamentaient

reprochaient à leurs maris davoir fait le coup. Pour tâter le terrain, elles