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La France juive : essai d'histoire contemporaine / Édouard Drumont
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LA FRANCE JUIVE

passions expliquent seules ! Quelle tristesse de rencontrer Berryer ! Le jeu ! « Prions Dieu, dit saint Paul, de ne nous envoyer que des tentations qui soient ordinaires. »

Limpression que laisse cette demeure est une impression de fatigue plus que dadmiration. Cest un fouillis, un capiiarnaüm, un prodigieux, un incroyable magasin de bric à brac. Tous ces objets, rapportés de tous les coins de la terre, jurent entre eux ; ces dépouilles opimes de lunivers ne sharmonisent pas ; ces manifestations de tant de civilisations différentes grincent de ce rapprochement b

Lamour du bibelot ou plutôt le sentiment juif de lacquisivité, de la possessivité est poussé dailleurs jusquà la puérilité. Un petit pot de grès de Flandres, qui vaut six francs, sert de vis-à-vis à une assiette dOiron ou aune figurine en pâte tendre. Les bons Sémites de lHôtel des Ventes nont pu résister à la tentation dabuser ceux même quils nomment avec tant de vénération : « Les barons. » Plus dun objet est moderne; beaucoup de pièces dorfèvrerie, notamment, me paraissent avoir reçu tardivement ce que M. Paul Eudel , dans son livre sur le Truquage, appelle « le baptême des poinçons français . »

Le parc, quelque vaste quil soit, na pas le noble aspect des avenues Louis Quatorziennes. A la place des Rothschild vous auriez commandé à nos sculpteurs, qui luttent si péniblement au milieu de circonstances peu favorables pour leur art, tout un monde de statues, des marbres, des bron­zes. Le duc dAumale a agi ainsi pour Chantilly , il a demandé un La Bruyère à Thomas, un Therme à Lanson, un groupe de Pluton et de Pro­ serpine à Chapu. Il y a à peine, dans tout Ferrières, une demi-douzaine de statues qui ont à peu près la valeur de celles qui décorent lentrée des éta­blissements de bains *.

1. C'est évidemment en pensant k la collection des Rothschild que de Concourt a écrit : illya des collections d'art qui ne montrent ni une passion, ni un goût, ni une intelligence, rien que la victoire brutale de la richesse. »

2. Le baron Alphonse de Rothschild , si indifférent aux efforts de nos artistes, si fermé aux nobles et généreuses traditions de nos patriciens dautrefois, nen eut pas moins l'effron­terie, au mois d'avril 1885, de se présenter à lAcadémie des Beaux-Arts . Cette fois, au milieu de tant de servilité et de tant de vilenies, il y eut un réveil de pudeur, et quelques hommes indépendants réussirent à faire comprendre à lAcadémie que lamour de lart et lachat de bibelots à bon compte nont absolument rien de commun. Malgré la campagne patriotique dEphrussi et dAlbert Wolff qui consacra trois colonnes à prôner cette candidature, le baron fut honteusement éconduit. Un autre se serait retiré; mais le sentiment de la dignité est abso­lument inconnu au Sémite qui supporte tout pour arriver à son but. Le baron acheta les uns, flatta bassement les autres, accepta toutes les humiliations quon voulut, et finit par être nommé au mois de décembre suivant.